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    « Sûrement pas ! »

    Un des hommes observait la scène depuis le début, adossé contre un arbre. Il intervint brusquement.

    - Non, Wolf ! Tu ne toucheras pas cette fille ! Et personne ne la touchera d’ailleurs.

    - Dégage Drake ! Je suis le chef !

    - Tu étais le chef, Wolf ! souligna le rebelle. Mais la raclée que vient de t’infliger cette fille t’a détrôné ! Tu n’as pas été capable de la vaincre toi-même ! Tu n’es plus digne d’être le chef ! C’est ta propre loi qui te condamne ! Elle t’a vaincu ! C’est elle, notre chef !

       Dans les rangs des membres du gang, des murmures d’approbation se firent entendre. « Il a raison ! C’est vrai ! Wolf n’est plus digne d’être le chef ! »

      Wolf écumait de rage, il sortit son coutelas.

    - Bande de minables ! Sans moi vous n’êtes rien !

    - C’est toi qui n’es rien sans nous ! répéta Mark Drake, en se plaçant devant la jeune femme.

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     - Attention ! hurla-t-elle mais l’inconnu n’eut pas le temps de réagir.

    - Ta gueule, pilote raté ! hurla le second de Wolf, en abattant une matraque sur la nuque de Drake qui s’effondra sans connaissance.

    - Mark avait raison ! hurla alors un colosse syncréen. Je vais vous faire la peau à Wolf et toi ! Je deviendrais le chef !

      D’un coup de pied précis, la brute fit voler en l’air le poignard qui vint se planter dans le sol juste à côté de Donatien. Tandis que celui-ci n’hésitait pas à profiter de l’occasion ainsi offerte, Wolf et son second se jetèrent sur l’autre dans un pugilat effréné. Tous les hommes faisaient un cercle autour des trois combattants, les excitant de leurs cris.

      Deux d’entre eux avaient compris ce que la distraction des autres pouvait leur offrir. Le temps que Donatien puisse se libérer de ses liens, Johanne avait été bâillonnée et entraînée dans la forêt. Sham sentit sa colère bouillonner dans ses veines. Il récupéra le poignard, l’arc et le carquois abandonnés au sol.

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       La scène qui se préparait le rendit malade. Il n’hésita plus. Il s’agissait de tuer, simplement. Les deux hommes savaient qu’ils n’avaient que peu de temps pour assouvir leur désir. Ils étaient en train de déchirer la combinaison de la jeune femme, leur pantalon ouvert. Sans un bruit, Donatien bondit et abattit son couteau. Les deux corps s’affaissèrent sur le sol tandis qu’il se penchait sur Johanne. Un soupir de soulagement lui échappa lorsqu’il vit qu’elle n’avait rien. Il la jeta en travers de son épaule, sans la détacher avant de se mettre à courir vers le haut de la colline. Comme il l’espérait, sous le buisson derrière lequel elle avait surgi, il trouva les deux sacs contenant tout leur matériel. Il s’en empara avec soulagement. Johanne toujours ligotée et bâillonnée essayait d’attirer son attention. Il se pencha vers elle et chuchota à son oreille.

    « Tu as fait suffisamment de stupidités pour aujourd’hui, ma belle ! Puisque tu ne veux pas rester tranquille de gré, il faut bien que je t’y force ! »

      Le regard orageux qu’elle lui lança le fit sourire. Il posa brièvement ses lèvres sur le front de la jeune femme avant de sortir son comlink. Camille avait essayé de les joindre ! Il envoya le signal. Comme pour répondre à sa prière muette, un rayon lumineux apparut instantanément au dessus d’eux.

      Un tout petit vaisseau de liaison descendit doucement vers eux. Donatien n’hésita pas. Il souleva Johanne dans ses bras, récupéra leurs armes et sauta à bord dès que la porte s’ouvrit. Camille poussa un soupir de soulagement en aidant son ami.

    - C’est bon, Syndël ! Décolle ! »

      À bord, Donatien et Camille reprirent les commandes de l’engin tandis que Syndël s’occupait de détacher la jeune femme, dans la cabine. Elle serra les lèvres à la vue de ses vêtements déchirés. Les hématomes formaient un arc-en-ciel sur son visage, témoins des coups d’Amalric puis de Wolf. La jeune chanteuse frissonna.

    - Mon Dieu ! Ma Jo ! Que s’est-il passé ?

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       Johanne n’essaya même pas de se lever. Elle resta étendue sur la banquette.

    - Je veux tout oublier, souffla-t-elle. Je le déteste ! Dis à ce salaud de Sham que je le déteste ! Je veux dormir et ne jamais me réveiller.

    - Viens, Jo ! fit son amie. Tu ne peux pas rester comme ça, je vais t’aider à prendre une douche et te changer. Il faut soigner ton visage.

      Lorsque Johanne se fut effondrée de fatigue sur la couchette, Syndël sortit de la cabine en refermant soigneusement la porte derrière elle.

    - Pourquoi l’avez-vous attachée ainsi ? attaqua-t-elle, fixant Donatien d’un air courroucé. Et que lui avez-vous fait, d’ailleurs, pour qu’elle soit dans une telle rage contre vous ! Elle vous fait dire qu’elle vous déteste !

      Camille sursauta.

    - Don ! Qu’as-tu encore fait ?

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     - Hey ! Calmez-vous tous les deux ! Je vous rappelle quand même que je suis allée la chercher sur la planète grise ! Malgré mes précautions, nous avons été repérés par un gang. Mais cette petite idiote, au lieu de m’obéir et de rester cachée, a préféré jouer les héroïnes, au risque de se faire violer par une vingtaine de criminels contraints à l’abstinence depuis des années ! Alors, lorsque nous avons pu fuir, à l’occasion d’une bagarre généralisée, j’ai préféré la laisser ainsi, hors d’état de se nuire à elle-même. Je savais que vous arriviez ! Ce n’était qu’une question de minutes !

    - Pardon, Don ! souffla la jeune femme calmée. Que… Qu’a-t-elle subi ?

    - Ne me dis pas qu’encore une fois…

    - Rassurez-vous ! rétorqua Donatien. Cette fois, j’ai pu empêcher le pire… Mais où est-elle ? s’inquiéta-t-il soudain.

    - Elle est épuisée, elle s’est endormie comme une masse après sa douche. Elle était très en colère contre vous ! Si j’étais vous, je ne m’y risquerais pas !

    - Voyez-vous, Syndël, c’est mon problème !

      En haussant les épaules, Donatien se leva et rejoignit la cabine. Il s’assit à côté d’elle, pour observer le visage calme et détendu de Johanne. « Donatien ! murmura-t-elle. Venez ! Venez à mon secours ! »

      Il sourit, heureux d’être toujours dans ses rêves. Sa colère ne devait pas être bien profonde.

      Elle ne se réveilla pas lorsque la navette rejoignit l’immense Dragon qui tenait à l’écart tous les vaisseaux gardiens de l’Union. Malgré sa propre fatigue, Don ne laissa à personne d’autre le soin de coucher la jeune femme dans sa cabine. Il glissa entre ses bras le lapin bleu qu’elle lui avait donné des années auparavant.

    « Fais de beaux rêves, ma belle ! »

    Suite du chapitre 10


  • Commentaires

    1
    Parthenia Profil de Parthenia
    Lundi 17 Juin 2013 à 09:40

    j'avais oublié de te dire dans mon commentaire précédent que les baraquements en bois rendaient super !! très beaux décors, on s'y croirait...

    2
    Koelia Profil de Koelia
    Lundi 17 Juin 2013 à 11:17

    Merci!

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    3
    Ness Profil de Ness
    Lundi 15 Juillet 2013 à 23:50

    Don devient de plus en plus démonstratif je trouve, ça change !!

    4
    Jeudi 8 Mai 2014 à 09:30

    Donation commence à la connaitre... ^^

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