• 2-2

      Johanne s’essuya le front avec son bras et se releva lentement, se massant les reins. Le climat de cette planète était autrement plus torride que celui de Rhyway, sa planète natale. Elle fit levier avec  sa pioche pour faire basculer un morceau de roche et sursauta au son métallique. Elle comprit avec stupéfaction qu’elle était tombée sur la paroi qu’ils cherchaient depuis plusieurs  semaines. L’ancien bunker de l’administration Valinë mentionné dans des données retrouvées par Hassan. Rapidement, elle creusa autour. Elle avait raison !

    - Monsieur Kharizmi ! cria-t-elle. Venez voir, je vous prie !

      L’archéotechnologue jeta un regard inquiet à sa femme qui s’éloignait avec le reste de l’équipe. Elle hocha la tête en continuant son chemin et lui se dirigea vers la fosse où fouillait la jeune assistante. Il descendit dans le trou et écarquilla les yeux. Il tomba à genoux à côté d’elle et se mit à creuser lui aussi.

    - Johanne ! Est-ce que tu te rends compte ! balbutia-t-il au bout de quelques minutes. Il s’agit…

      Il se tut brusquement.

    2-2

       Johanne leva les yeux. Elle se rendit compte qu’ils étaient tous seuls. Loumé et les autres membres de l’équipe se rendaient au réfectoire lorsqu’elle l’avait appelé. C’était le moment. Depuis trois semaines qu’elle était sur le chantier, elle avait déjà fait deux rapports à Amalric, mais par bonheur, rien de suspect ne s’était déroulé sur le camp. Pourtant, elle n’en pouvait plus. Continuer à trahir le scientifique pour lequel elle ressentait beaucoup de respect et une grande affection était au dessus de ses forces. Elle avait décidé de tout lui avouer. Si jamais les soupçons du colonel Amalric étaient fondés, en souvenir de sa mère, elle préférait qu’il puisse s’en tirer. L’instant lui parut propice. Elle sentit une boule se former dans sa gorge.

    - Monsieur Kharizmi, chuchota-t-elle. Écoutez-moi. Et je vous en prie, ne m’interrompez pas. J’ai remarqué depuis mon arrivée, que vous ne me faites pas entièrement confiance. Vous avez raison. Je suis une espionne de l’Union Interstellaire et je ne le supporte plus ! Faites-moi partir, dites que je suis complètement incompétente, que je ne vous conviens pas… Chassez-moi !

    - Que dis-tu ?

      Johanne éclata en sanglots. « C’est trop dur à supporter, monsieur Kharizmi ! Le jour de mon arrivée sur Baire, j’ai été arrêtée par le colonel Amalric. Il m’a laissé le choix entre vous espionner pour son compte ou être déportée sur la planète grise. Je sais que c’était lâche de ma part, mais je n’ai pas pu refuser !

    2-2

     - Pourquoi justement toi ? Car c’est l’administration qui t’a imposée à moi !

    - C’est ma mère qui a déterminé ce choix. Ils savent tout de moi depuis que celle-ci est morte. J’ai été adoptée par la famille Dorval mais mon nom de naissance est Paresc.

    - Tu es la fille de Wendy Paresc !

      La jeune fille hocha la tête.

    - Je vous en prie, licenciez-moi ! Je ne peux plus ! Je ne veux plus trahir !

      Hassan Kharizmi sourit en se relevant. Il essayait de dissimuler son enthousiasme. Il avait enfin retrouvé la fille de Wendy. Il lui prit les mains et les serra en un geste de réconfort.

    - Ta mère était mon amie, il y a bien longtemps. Viens et calme-toi ! C’est ta première vraie découverte archéotechnologique, n’est-ce pas ?

      La jeune fille hocha la tête.

    - L’émotion justifiera tes larmes si quelqu’un d’autre nous espionne. Je me doutais que tu étais un des pions d’Amalric ou d’un autre sadique de son espèce. Mais je ne comprenais pas ton attitude. D’ordinaire les espions sont plus curieux, et plus liants ; ils essayent de se faire adopter, de devenir indispensable. Toi, tu nous fuis depuis ton arrivée, tu n’as même pas accepté mon offre de tenir à jour mon journal ; cela ne correspondait pas au schéma… J’apprécie ta franchise, Johanne.

    - Qu’allez-vous faire ? renifla-t-elle. Quand dois-je partir ?

    - Pour l’instant, tu restes avec nous. Quand doit avoir lieu ton prochain rendez-vous avec le colonel ?

    - Dans une semaine. Mais…

    - C’est bon. D’ici là, tu continues à travailler normalement avec l’équipe !

      Johanne n’en crut pas ses oreilles.

    2-2

     - Mais vous avez compris ce que je vous ai dit ?

    - Tout à fait. Tu nous espionnes pour le compte d’Amalric et tu es la fille de Wendy. Allons annoncer ta découverte à l’équipe ! Nous avons tous du pain sur la planche ! »

    Suite du chapitre 2


  • Commentaires

    1
    Ness Profil de Ness
    Dimanche 17 Mars 2013 à 02:06

    Oh, qui l'eut cru ? Tant mieux s'il ne la rejette pas après son aveu, ça fait une "menace" en moins ! Reste à savoir ce qu'en penseront les autres s'ils l'apprennent...

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