•   Johanne était dans un état second. Elle se laissa pousser sans trop de délicatesse vers un aéroglisseur qui attendait sur le bord du trottoir. « Monte ! » ordonna-t-il. La jeune femme s’exécuta et s’assit à l’arrière. Quelques secondes plus tard, une déflagration se fit entendre. Amalric et les autres passants se jetèrent au sol. La tête de Johanne heurta la vitre. Quand il se releva, Amalric jurait avec force. De l’immeuble qu’ils venaient de quitter s’échappait une fumée noire juste à l’étage du bureau de Jean-Loup. La bombe avait été parfaitement ciblée, seule la pièce concernée était détruite.

     « Ce fils de pute de Montjoie ! Je savais que c’était un traître ! Il avait piégé son bureau. Nous ne trouverons rien. Salopard de rebelle ! Je me chargerai de son cas plus tard… »

      Il sortit son comlink et passa plusieurs communications avant de s’engouffrer à son tour dans l’aéroglisseur.

    - En route pour le palais de l’Union ! lança-t-il au chauffeur qui démarrait. Ma petite Johanne, tu as obtenu une audience avec le premier ministre de l’Union. Il voudrait s’entretenir avec toi.

      Johanne sursauta. Stanford Rayan ? Elle ne l’avait jamais rencontré ! Qu’avait-il à lui dire ?

    - Et si moi, je ne souhaite pas rencontrer ce monsieur ? rétorqua-t-elle, cherchant à lui résister malgré son angoisse.

    - Comme si tu avais le choix, mignonne. Pas mal au fait, tes cheveux argentés… Ça te donne un genre intéressant. Mais je te préfère en rouquine. Quand tu nous auras révélé tous tes petits secrets, ainsi que ceux de ta révolution, je te ferai reprendre ta couleur initiale. Tu seras si belle, dans la cage de ma chambre. Quel plaisir je vais avoir à te mater !

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       Amalric souriait en évoquant cette éventualité. Johanne ferma les yeux. Logiquement, Don, Camille et Wendy avaient dû recevoir son message. La route de la Terre n’était pas perdue. Il fallait juste qu’elle résiste aux interrogatoires, quitte à en mourir.

      Il la poussa sans ménagement lorsque le véhicule se fut arrêté dans la grande cour carrée du bâtiment qui abritait les hauts dignitaires de l’Union. Il s’agissait en fait d’une réplique exacte du palais de Versailles, de l’ancienne Terre.

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    Crédits: The Palace of Versailles by haifen sur Mod the Sims 

    Solidement retenue par le bras, Johanne traversa la grande galerie des Glaces aux côtés du colonel, avant de parvenir à ce qu’Amalric appela le salon de Mars. Là, le premier ministre les attendait, tremblant de colère. Johanne frissonna en découvrant le regard impitoyable de l’homme qui avait floué Donatien de son héritage…

    - Amalric ! Pourquoi êtes-vous passés par devant ? Je vous avais dit que cette entrevue devait être secrète ! Emmenez cette fille dans mon bureau, immédiatement !

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    - Bien, monsieur Rayan.

    - Sûrement pas ! »

      Une porte claqua dans leur dos. Johanne sursauta en entendant la voix coupante qui figea les deux hommes.

    « Stanford, qui est donc cette fille que vous voulez me cacher ?

    - Rien d’important, Lutham. Une pétasse qui a voulu se moquer de Jared…

    - Vous mentez fort mal pour une fois, Stan. Votre fils est tout à fait apte à s’occuper lui-même de ce genre de problèmes. C’est même son passe-temps favori. Ne serait-ce pas plutôt la fille d’Altaïr ? »

      Le premier ministre blêmit.

    « Vos conversations sont sur écoute, Rayan. Nous réglerons ça plus tard, croyez-moi. Colonel Amalric, cette demoiselle va avoir une audience avec moi. Amenez-la. Rayan, retournez donc vous occuper de la traque des révolutionnaires ! »

      Rayan crispa les poings de rage mais le regard de Lutham Calv le dissuada de protester. Il baissa les yeux et Amalric suivit le chef suprême de l’Union jusqu’à son bureau.

      Ils pénétrèrent dans une grande pièce aux murs et aux plafonds couverts de pourpre et d’or. Les appareils électroniques qui recouvraient un pan de murs semblaient très anachroniques dans ce décor Louis XIV. Calv congédia de la tête ses deux gardes du corps et prit place derrière un bureau en bois verni. C’était un homme fort âgé, mais l’acuité de son regard transperça la jeune femme.

    - Asseyez-vous donc, colonel Amalric. Je vous félicite de l’avoir enfin retrouvée, ainsi que d’avoir démasqué Montjoie. Vous aviez raison et moi tort. »

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      Johanne resta debout, devant le bureau. Elle regardait du coin de l’œil l’homme qui détenait tout pouvoir dans l’Union. Il y eut un long silence. Elle ne bougeait pas, ne voulant rien provoquer. Elle songea soudain à Donatien, qui lui avait demandé de ne pas quitter le Dragon sans le prévenir. Si elle avait la chance de se trouver de nouveau avec lui, elle pouvait être sûre qu’il ne la féliciterait pas. Comment avait-elle pu se laisser emporter à revenir sur Sobolev ?

    - Ainsi donc te voilà, Johanne Dorval Paresc !

      La jeune femme ne put réprimer un tressaillement lorsque la voix claqua dans l’air.

    - Tu as eu de la chance, jeune fille ! Beaucoup trop de chance ! Parvenir à libérer Altaïr, alors que personne n’imaginait qu’elle puisse encore être vivante. Profiter de ton exil sur l’enfer de la planète grise pour rencontrer Donatien Fox, le fils de Véga, toi, la fille d’Altaïr. Réussir à quitter ce lieu d’où l’on ne doit, en principe, pas revenir… »

      Johanne écarquilla les yeux. Comment pouvait-il savoir pour Don ? Amalric éclata de rire.

    - Tu te demandes comment nous savons ? Votre passage en force, lors de ta sortie de l’atmosphère de la planète grise a été repéré. Nous sommes allés mener une petite enquête. Un certain Wolf nous a de très mauvaise grâce, d’ailleurs, raconté tout ce qu’il avait vu. Il t’en voulait à mort, à cause de toi, son gang avait volé en éclats. Mais cet ennemi-là ne te menace plus, il en savait trop, nous l’avons exécuté.

    - Il a aussi avoué quelque chose de fascinant ! compléta Calv. L’homme qui t’a tirée de là s’appelle Donatien Fox-Genery. Le fils de Véga déporté là-bas, il y a des années par mon premier ministre. Où est-il désormais ?

      Johanne haussa les épaules.

    - Vous n’imaginez tout de même pas que je vais vous répondre, si ?

    - Ce n’est pas une question d’imagination, mais de temps. C’est juste toi qui décidera combien de temps cela prendra. Et quelle douleur tu te sens capable d’encaisser. »

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       Il y eut un long silence que seule la respiration saccadée de Johanne troublait. Le regard de Calv était impénétrable. Elle avait déjà vu ce sourire quelque part.

    « J’éprouverai beaucoup de plaisir si tu nous révélais immédiatement où se cachent désormais Wendy Paresc, alias Altaïr, ta mère, et Donatien Fox, le fils de Véga. » reprit Lutham Calv d’une voix de plus en plus douce. « Je n’aime pas vraiment les méthodes du colonel, malgré leur efficacité. »

      Elle serra les mâchoires, obstinément muette. Dans son dos, elle devinait l’amusement d’Amalric.

    - Sache que l’intérêt que je porte à ces deux personnes est différent. Wendy Paresc met par sa réapparition même, la stabilité de l’Union en danger. Tu peux le comprendre sans difficulté. Par contre, Fox représente pour moi un autre enjeu. Il a réussi à s’évader de la planète grise à deux reprises. Un tel homme a sa place à mes côtés. Je veux lui proposer une amnistie. Ne le laisse pas passer à côté d’une telle chance !

    - Vous imaginez que je vais me laisser prendre à un piège aussi grossier ? s’exclama-t-elle en regardant le chef de l’Union dans les yeux. Vous me prenez pour une imbécile ! Je peux répondre pour lui à cette offre inconcevable. Tant qu’il lui restera un souffle de vie, il se battra contre vous, contre la tyrannie de l’Union ! Savez-vous combien de personnes à qui il tenait vous avez détruit ? »

      Calv eut un léger sourire.

    « C’est rafraîchissant, quelqu’un qui ose me tenir tête ainsi. Cela faisait si longtemps… Tu me rappelles ma fille… Tu es sûre de ta réponse ?

    - Réfléchis, Johanne ! fit doucement Amalric, une lueur inquiétante au fond du regard.

    - C’est tout réfléchi ! Je ne trahirai pas ma mère, ni Don ! »

      Elle ferma les yeux, dans l’attente du coup qui ne tarderait sûrement pas. Ce faisant, elle ne vit pas le sourire entendu du colonel qui fit un geste vers Lutham Calv semblant signifier « Je vous l’avais bien dit ! »

    - Je vous laisse faire, colonel Amalric. Mais ne la détruisez pas complètement. J’aurai besoin d’elle plus tard, pour circonvenir Fox quand nous le tiendrons aussi. »

      Amalric se leva et fit craquer les jointures de ses mains.

     - Tu fais la mauvaise tête, n’est-ce pas ? Mais je pense que je vais parvenir à te délier la langue, ma petite Johanne. Tu es sûre de ne pas vouloir répondre aux interrogations polies de monsieur Calv ? Tant pis pour toi ! »

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    Suite du chapitre 12


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  • « Je vais la tuer ! Je te jure que si elle est encore vivante lorsque je mettrais la main dessus, c’est moi qui la tue ! »

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      Camille poussa un soupir. Il comprenait l’emportement de son compagnon. Mais chez lui c’était la peur qui l’emportait. Sa sœur s’était encore mise en danger par pure inconscience. Et elle avait entraîné Syndël avec elle.  Deux jours standards auparavant, ils avaient reçu un message bref de la jeune chanteuse qui les informait du voyage qu’elles entreprenaient faute d’avoir d’autres instructions. Depuis, Donatien ne décolérait pas. Ils avaient tout lâché pour se lancer à leur poursuite et essayer de les empêcher de se jeter dans la gueule du loup.

    - Calme-toi, Don, ce n’est pas ça qui arrangera les choses ! Nous devrions arriver sur Sobolev juste quelques heures après elles. Et sans doute, il ne se passera rien ! 

    - Tu crois ça ! La nouvelle de son évasion a sans aucun doute été transmise lorsque nous avons détruit tous ces chasseurs ! Si ça se trouve, ils ont découvert l’existence de Donatien Fox qu’ils croyaient mort ! Amalric a sans doute tracé leur ADN. Au moindre contrôle, elles sont démasquées… »

      Camille sursauta à l’arrivée d’un message. Il jura. Don ferma les yeux.

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     « Elles ont été prises ?

    - C’est mon père. Elles sont à l’université sous escorte de l’armée. Leur couverture ne tient qu’à un cheveu… Il pense être lui-même arrêté d’un moment à l’autre.

      Donatien secoua la tête.

    - Au moins, ils sont tous au même endroit… On y est dans vingt minutes ! »

      La fin du vol se déroula dans un silence angoissé. Il n’y eut pas de problème à l’astroport. Après avoir pris leur matériel les deux hommes se dirigèrent rapidement en direction du quartier universitaire. La détonation lointaine leur fit accélérer le pas. Camille frissonna en voyant la fumée noire s’échapper de l'étage famillier de la tour.

    - Ils ont arrêté mon père. Il avait piégé son bureau !

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     - Syndël aussi ! ajouta Sham. Regarde, ils les emmènent par là-bas ! »

      En voyant la jeune femme les mains liées entre deux soldats, Arkab faillit hurler. Il se rendait brusquement compte qu’il tenait beaucoup plus à la jeune femme qu’il ne voulait bien se l’avouer.

    « On y va, Don ? Ils ne sont que cinq !

    - Evidemment qu’on y va ! »

      Sham lança une première grenade devant l’escouade. Arkab en lança une seconde juste derrière, les entourant dans un nuage de gaz irritants pour les yeux. Syndël n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait. Camille l’attrapa par le bras tandis que Donatien entraînait Jean-Loup. Ils s’arrêtèrent à plusieurs carrés d’immeubles pour délier les prisonniers. Syndël tremblait de tous ses membres, en se frottant les yeux.

    - Où est Johanne ? souffla Don.

    - Au palais de l’Union ! haleta Jean-Loup, en compagnie d’Amalric qui l’a emmenée là-bas.

    - Au palais de l’Union ? s’étonna Camille.

    - Pas le temps de réfléchir au pourquoi ! J’ai les plans du palais que les filles avaient trouvés. J’y vais ! Si dans deux heures je ne suis pas revenu, vous dégagez ! »

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     Suite du chapitre 12


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  •   Sans attendre de réponse, il disparut dans la rue derrière eux. Il lui fallut un petit quart d’heure pour rejoindre l’arrière du palais de l’Union. Le plan trouvé par Johanne au début du décryptage des données du Dragon expliquait comment pénétrer à l’intérieur du palais sans être repéré. Une des bouches d’égout du quartier communiquait avec les caves du palais. Comme son modèle original de Versailles, le palais était une véritable souricière de passages dérobés. A son grand soulagement, le plan était fiable. Sham se glissa dans le conduit indiqué pour rejoindre le fond.

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     Il lui fallut de longues minutes pour parvenir à desceller la grille qui permettait de s’introduire dans les caves. L’entrée du passage secret fut beaucoup moins aisée à retrouver. Finalement, ce fut sa colère qui lui donna la solution. Il donna un violent coup de pied dans le mur. Une des pierres scellées s’enfonça dans la paroi. Sans bruit, un pan du mur pivota. Donatien eut un petit sourire en pénétrant dans le corridor. Il imaginait Arkab lever les yeux au ciel devant lui. Comme quoi la colère, parfois…

      Le passage menait directement au salon de Mars. Donatien s’assura que le passage s’ouvrait facilement de l’autre côté avant d'entrer sans faire de bruit dans la pièce richement décorée. Il hésita alors sur la direction à prendre.

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     Crédits: The Palace of Versailles by haifen sur Mod the Sims

    La galerie des Glaces entièrement vide lui semblant trop clinquante, il préféra traverser l’enfilade de salons, en prenant soin de vérifier s’ils étaient vides. Il sursauta soudain en entendant la voix d’Amalric derrière une porte.

    - Je vous la ramène dans un petit moment ! Elle vous dira tout ce que vous voudrez savoir sur ce Don Fox ! Je vous le promets ! » entendit-il. Puis un bruit de porte de l’autre côté de la pièce le convainquit qu’il devait impérativement traverser la suivante. Sans hésiter, il poussa la porte et resta figé. Il se trouvait en présence de Lutham Calv en personne. L’homme regardait par la fenêtre.

      À son entrée, le chef de l’Union leva la tête, sourcils froncés.

    - Peut-on savoir ce qui vous permet d’entrer ici ? demanda-t-il d’une voix froide.

      Donatien braqua son arme sur lui.

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     - Au moindre mouvement, au moindre cri, vous êtes mort ! Laissez vos mains en vue !

      Sa détermination était lisible sur son visage. Lutham Calv ne s’y trompa pas.

    - Qui êtes-vous donc ? Et que voulez-vous de moi ?

    - Je suis à la recherche de Cal Amalric.

      L’homme avait à peine écouté ses paroles, étudiant son visage avec attention. Un étrange sourire apparut sur les lèvres de Calv.

    - Tu es le fils de Véga. Ainsi de toi-même, tu es venu à moi ! murmura-t-il.

      Donatien écarquilla les yeux.

    - Que voulez-vous dire ? Comment…

    - J’étais à ta recherche, Donatien, fils de Moïra. Tu lui ressembles beaucoup, tu sais ?

    - Oui, je sais. Mais comment vous, vous pouvez savoir une chose pareille ?

    - Ta mère et moi étions très proches, même si elle s’est toujours opposée à moi…

      Donatien eut peur de comprendre.

    - Je ne veux pas entendre vos salades ! gronda-t-il. Dites-moi où ce porc d’Amalric a emmené Johanne. Vite ! Si dans dix secondes vous ne me l’avez pas dit…

    - Vraiment ? s’enquit Lutham sans se départir de son sourire amusé. Tu pourrais tirer sur moi ? Je ne pense pas !

    - Ne me tentez pas ! gronda Sham en crispant les doigts sur son arme.

    - Je suis ton grand-père, Donatien. Ta mère était ma fille unique.

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       De surprise, Don faillit lâcher son arme.

    - Vous… Vous dites n’importe quoi ! siffla-t-il. Ça ne marchera pas ! Elle m’a toujours dit que son père était mort !

    - Je pourrais te parler longuement de ta mère, de son sourire tellement moqueur, de ses cheveux sombres, de ses yeux de la même couleur que les tiens, du grain de beauté qu’elle avait sur l’épaule gauche. Comme sa mère…

      Tout d’un coup, Donatien se sentit perdu. Sa volonté faiblissait. Il dut user de toute son énergie pour se ressaisir.

    - Tout cela ne tient pas debout ! Vous n’auriez pas fait exécuter Moïra si c’était vrai ! Et vous ne m’auriez pas envoyé sur la planète grise !

      Lutham Calv ferma les yeux.

    - Ta mère a toujours choisi de s’opposer à moi. En rejetant mon nom pour prendre celui de sa mère. En épousant ton père Jonathan Fox, un révolutionnaire tué juste avant ta naissance dans une attaque contre un de mes croiseurs.

    - Vous avez assassiné mes deux parents !

    - Non ! A la mort de Fox, j’ai repris le contrôle de ta mère. Pour te protéger, elle aurait fait n’importe quoi. Elle a épousé Stanford Rayan sur mon ordre. Je voulais qu’il fasse de toi mon héritier. Il n’en voulait qu’à mon pouvoir et à la fortune de ton père. J’ignorais qu’elle œuvrait clandestinement.

      Le chef de l’union semblait profondément ému.

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     - Elle a décidé de continuer à lutter contre moi. Mais ce n’est pas moi qui ai voulu la faire disparaître. Elle est tombée dans un piège. Avec une équipe de révolutionnaires, ils ont essayé de s’emparer d’une base d’armement. Ils étaient attendus. Seule Altaïr a survécu. Je ne savais rien de ce piège, c’était…

    - Stanford Rayan ! coupa Donatien, les traits durcis.

    - En effet. Il voulait récupérer sa fortune et moins dépendre de moi. C’est lui qui a donné l’ordre à Amalric de te déporter. Quand je suis revenu d’un voyage officiel, tout était plié. Et on ne gracie personne de la planète grise.

    - Pourquoi me chercher alors ?

    - Parce que ta place est à mes côtés. Je n’ai pas d’héritier, Rayan manigance contre moi. Le fait que tu aies réussi à t’évader de la planète grise prouve tes qualités. Tu es digne de moi. Alors pose ton arme…

      Don faillit s’étrangler.

    - Jamais je ne m’allierai à vous. Trop de mes amis sont morts à cause de vous ! Et ma mère !

    - Je n’ai pas tué Moïra !

    - Non mais c’est tout comme ! Où Amalric a-t-il emmené Johanne ?

    - Tu es comme ta mère. Tes sentiments te perdront, Donatien. Ne t’attache pas !

    - Vous me dégoûtez ! »

      Comme un fauve, Donatien bondit sur celui qui disait être son grand-père. Il le frappa violemment sur la carotide. Le chef suprême de l’Union s’effondra. Don vérifia qu’il respirait toujours. Il en avait pour environ deux heures à être dans le cirage… Il hésita, non il ne pouvait pas tuer un homme inconscient. Ce n’était pas possible… Et si…

      Il se pencha vers Lutham Calv pour lui prélever un peu de sang. Ainsi, il connaîtrait la vérité.

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     Suite du chapitre 12


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  •   Le cœur partagé entre rage et angoisse, il sortit de la pièce par la seconde porte. Il fouilla chaque pièce de la galerie qu’il suivait, sans succès. La dernière porte était entrouverte. Des sanglots étouffés s’en échappaient. Il poussa doucement la porte. Amalric assis tranquillement dans un fauteuil lui tournait le dos. La jeune femme pleurait doucement, recroquevillée sur le sol, le corps secoué de tremblements. Il comprit en découvrant les câbles électriques que le colonel tenait nonchalamment à la main.

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     - J’attends toujours ta réponse, ma chérie ! dit Amalric, sans se départir de sa bonne humeur. Où se cachent donc ta mère et ce Donatien Fox-Genery que notre chef tient tant à retrouver ?

    - Je ne sais pas ! gémit Johanne en se retournant. Elle ne put maitriser sa surprise à la vue de Sham et écarquilla les yeux.

      Amalric bondit alors et souleva Johanne, se servant d’elle comme d’un bouclier. Il ricana en découvrant l’intrus qui le menaçait de son blaster.

    - Je suis là, Amalric. prononça ce dernier en avançant dans la pièce. Cessez donc de torturer cette petite inconsciente !

    - Tiens donc ! Le fils de Véga !

    - En effet, le fils de Véga, le gamin que vous avez envoyé sur la planète grise alors qu’il ne savait même pas pourquoi !

    « Pardon, Don ! » murmura Johanne d’une voix étranglée.

    - Toi, ferme-la ! lança-t-il d’un ton plein de rage. Tu es la seule responsable de tout ce que tu subis !

      Amalric haussa un sourcil d’étonnement.

    - Bon, rends-toi, Fox ! Sinon, ta belle amie va encore souffrir affreusement.

      La jeune femme sentit avec horreur la main du colonel se crisper sur sa gorge tandis que Donatien reculait un peu.

    - Vous n’avez pas le droit de la tuer, Amalric. J’ai entendu les ordres que vous a donnés Calv.

      Il avança d’un pas. Amalric resserra sa prise.

    - Nous allons devoir la juger et l’exécuter, de toute manière ! ajouta Sham, froidement. Elle sait trop de choses et nous a trop souvent mis en danger. »

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       Amalric sursauta à ces paroles inattendues. Donatien n’attendait que ça. Il fit mine d’abaisser son blaster, et soudain, sauta sur le côté, et tira. Johanne ferma les yeux en sentant Amalric se raidir.

    « Il va me tuer ! » songea-t-elle. Pourtant, elle le sentit juste partir en arrière et l’entraîner dans sa chute. Avec une précision quasiment diabolique, Donatien avait orienté son tir juste au milieu du front d’Amalric, dont la tête avait été coupée en deux sous l’effet de la charge thermique. Eclaboussée de sang, Johanne se sentit soudain mal. Elle s’effondra. Donatien se pencha pour vérifier qu’il ne l’avait pas touchée. La colère froide ne s’apaisa pas. Sans égards pour le choc qu’elle avait subi, il la souleva cavalièrement, et la jeta en travers de ses épaules pour l’emmener.

      La jeune femme reprit conscience peu avant leur arrivée à l’astroport.

    - Don ? Don !

    - Ferme-la, je t’ai déjà dit !

    - Lâche-moi, Don ! Je peux marcher seule. Don ! »

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       Sans desserrer les dents, il la hissa à bord de son vaisseau et la jeta plus qu’il ne la déposa sur la couchette de sa cabine.

    - Et maintenant, tu restes ici, jusqu’à ce que je puisse enfin m’occuper de ton cas !

    - Don ! Mais que t’arrive-t-il ? Donatien ! »

      Elle recula brusquement, terrifiée en découvrant la lueur haineuse dans ses yeux. Il leva la main d’un air menaçant. Mais avant de s’être totalement laissé dominer par sa rage, Donatien reprit ses esprits.

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     - Tout est de ta faute ! grinça-t-il. Tu en arrives à me faire perdre tout contrôle. Je ne supporte plus ton inconscience et ta stupidité ! Il avait raison, je ne dois pas m'attacher à qui que ce soit ! »

      Il claqua la porte avec colère avant de la verrouiller. Comme hébétée, Johanne se laissa retomber en arrière. Les paroles de Don sonnaient comme un adieu mais elle n'eut même pas la force de pleurer. Elle s’endormit quasi instantanément, vaincue par l'épuisement.

    Suite du chapitre 12


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  •  12 - 5

     Syndël accueillit Sham avec inquiétude.

    - Où est-elle ? Va-t-elle bien ?

    - Johanne va aussi bien que possible, quand on vient de subir une séance d’électrocution avec le colonel Amalric. Elle n’a qu’à s’en prendre à elle-même. Pour le moment, cette petite inconsciente est aux arrêts dans ma cabine. Elle n’en sortira pas de sitôt, je peux te l’affirmer, Syndël !

    - Mais…

    - Et tu ne vas pas tarder à la rejoindre ! Vous allez devoir expliquer quelle mouche vous a piquée toutes les deux ! Venir défier les soldats de l’Union jusque dans leur capitale, alors que vous êtes recherchées ! Vous êtes complètement folles ! C’est notre révolution entière que vous auriez pu mettre en danger !

    - Et Amalric ? s’enquit Jean-Loup.

    - Il est mort. lâcha-t-il sobrement. On n’a pas le temps de traîner. Camille, prends le vaisseau des filles avec Syndël. On se retrouve sur le Dragon. »

      Le ton catégorique de Sham ne tolérait aucune discussion. Personne ne se risqua à faire le moindre commentaire. Syndël suivit Camille et s’installa dans le siège du copilote, à côté de l’homme à qui elle rêvait sans jamais oser se l’avouer, sinon en se moquant d’elle-même. Comment le célèbre commandant Arkab pourrait se soucier d’une petite chanteuse d’aéro-pop ?

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    - Qu’arrive-t-il à Donatien ? s’enquit-elle. Je ne comprends pas pourquoi il s’est mis dans un tel état !

      Camille poussa un petit soupir de lassitude. Il songeait justement que la colère de son ami était, bien qu’un peu exagérée, tout à fait justifiée. A la réflexion, il aurait bien secoué un peu sa copilote pour se calmer les nerfs. La panique qui l’avait envahi lorsqu’il avait découvert Syndël entre les policiers de l’Union l’avait lui-même surpris.

    - Don est doté d’un caractère entier, au demeurant fort sympathique, mais assez coléreux… J’irai même jusqu’à parler de sale caractère. Il tient à ma sœur plus que tout et il n’a pas cessé de se faire du souci pour elle. Cette fois, vous vous êtes mises en danger pour rien !

    - Mais nous sommes libres de faire ce que nous voulons, non ?

      Camille s’énerva.

     12 - 5

     - Bon sang ! Tu es aussi stupide qu’elle ! On n’en veut pas à votre liberté ! Est-ce que tu te rends compte de ce que vous avez fait ? continua-t-il en haussant le ton. Vous êtes allées vous jeter dans les griffes de l’Union ! Tout simplement ! Sans parler des risques que vous nous auriez fait courir en avouant tout ce que vous savez ! Toi, grâce au ciel, tu n’as rien eu, mais Johanne… A croire qu’elle aime se faire ramasser à la petite cuillère !

      La jeune femme laissa échapper un petit rire.

    - Aurais-je entendu parler de “sale caractère” ? demanda-t-elle innocemment.

      Camille tourna vers elle son regard clair, soudain calmé.

    - Je crois que si Don et moi n’y mettons pas bon ordre, vous allez toutes les deux finir par nous rendre complètement fous !

      Troublée par la lueur plus sombre qui brillait au fond de ses yeux, Syndël demanda d’une voix qui se voulait narquoise, mais trop tremblée pour être crédible.

    - Y mettre bon ordre ? Je me demande bien comment vous pourriez accomplir une pareille tâche !

    - En ce qui concerne Don, je ne sais pas… Mais dans mon cas, j’ai une petite idée ! rétorqua-t-il en branchant l’ordinateur de pilotage automatique.

      Il se leva brusquement, la forçant à en faire autant.

     12 - 5

     Prise d’un soudain tremblement, elle baissa les yeux. Il lui souleva doucement le menton et s’empara de ses lèvres. Syndël s’abandonna entre les bras de celui qu’elle aimait de tout son cœur.

    Chapitre 13 ^ )

     


     

        Et ben, il était temps! Je n'avais jamais laissé une histoire en rade aussi longtemps, je suis vraiment désolée! Entre la rentrée, mes gamins, le concours sur Simsartist où à ma grande surprise j'ai tenu jusqu'au thème 8 (je croise les doigts, pour aller jusqu'au 9 mais c'est pas gagné gagné^^) et mes ordis qui ont foirés... Bref, ça a été la galère! Bon, voilà, j'espère que tout ça vous a plu. Je ne vous promets rien, mais je vais faire tout mon possible pour rapidement continuer. Merci à vous pour vos gentils commentaires.

    Bisous

    Koe

     


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