• 4-1

      Le lendemain matin, il pénétra dans la chambre sans faire de bruit. La jeune femme dormait paisiblement. Elle s’étira longuement lorsqu’il éclaira la lumière.

    - Auriez-vous été un chat dans une vie antérieure ?

     

    4-1

     

      Elle sursauta en prenant conscience de sa présence. Elle le regarda avec méfiance et un peu de crainte aussi. Il posa un plateau sur la table de chevet.

    - Restaurez-vous un peu. Rejoignez-moi quand vous serez prête."

      Il sortit sans verrouiller la porte, à son grand étonnement. Elle se dépêcha de se préparer.

    - Bon, avez-vous décidé ce que vous allez faire de moi, commandant Sham ? demanda-t-elle en s'installant à côté de lui.

      Il lui sourit.

    - Vous faire confiance, Johanne.

      Elle écarquilla les yeux, avant de partir dans un grand éclat de rire. Sa fatigue évanouie après une bonne nuit de sommeil, elle se sentait prête à en découdre.

    - Vous voulez me… me faire confiance ! hoqueta-t-elle. C’est vous qui parlez de me faire confiance ? Vous inversez les rôles, me semble-t-il !

     

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      Donatien réprima son agacement.

    - Je fais partie de la Révolution. Lorsque je vous ai trouvée, vous étiez dans le lit d’un suppôt de l’Union. Vu sous cet angle, vous comprendrez que les termes que j’ai employés étaient tout à fait adéquats.

    - Tiens donc ! Peut-on savoir ce qui vous a fait changer d’avis ?

    - Je n’ai pas changé d’avis ! se récria-t-il. Au départ, je n’avais pas d’opinion préconçue. Vous avez simplement réussi à mes yeux le test qu’était notre entretien d’hier soir. Votre franchise vous a sauvée… À moins que vous ne soyez sacrément bonne comédienne ! Mais je vous laisse le bénéfice du doute.

    - Monsieur est trop bon ! ricana-t-elle.

    - La seule question qui nous reste à débattre c’est de savoir si vous acceptez de travailler avec moi ? 

    - Si je refuse de travailler pour vous, que m’arrivera-t-il ? s’enquit-elle, narquoise.

    - Je n’ai pas dit POUR moi, mais AVEC moi ! Si vous refusez, je vous dépose avec votre sac sur la planète de votre choix. Et vous ne me reverrez plus jamais.

    - Comment ? Pas de menaces ? ironisa-t-elle. Pas de choix entre la mort et votre service ?

    - Ça suffit Johanne ! s’impatienta-t-il. Je ne suis pas Amalric. Alors faites votre choix rapidement, je n’ai pas envie que cette discussion s’éternise.

    - Avant d’accepter, j’aimerai connaître la teneur du travail que vous me proposez.

    - Vous ne le saurez que si vous acceptez. Mais je vous fais le serment qu’il ne porte pas atteinte à votre pudeur, ni à votre honneur. ajouta-t-il en voyant la lueur de mépris coléreux dans ses yeux.

      La jeune femme s’apaisa.

    - Si je refuse, j’ai quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent de retomber entre les griffes du colonel Amalric. murmura-t-elle. Tandis qu’en travaillant pour vous… Trêve de réflexion. J’accepte votre job !

    - J’en suis heureux ! sourit Sham et Johanne songea qu’elle aimerait bien découvrir si ce sourire se prolongeait dans son regard.

     

    4-1

     

    - Quel âge avez-vous ? demanda la jeune femme à brûle-pourpoint.

      Sham sursauta.

    - Trente-trois ans. Mais je ne vois pas en quoi cela vous regarde.

    - En rien ! approuva-t-elle, blessée par son ton sec. Grâce au dossier d’Amalric vous savez tout de moi, je voulais juste rétablir un peu l’équilibre.

    - N’êtes-vous pas plutôt curieuse de ce que vous aurez à faire ?

    - Si vous voulez que je travaille pour vous, il faudra bien que vous m'expliquiez, non ?

      Sous son masque, Sham leva les yeux au ciel.

    - Votre travail ne différera pratiquement pas de celui que vous faisiez avec Hassan. Sauf que vous saurez ce que vous cherchez réellement.

      Johanne pâlit lorsqu’il prononça le nom de l’archéologue. Ses yeux s’emplirent de larmes.

    - A-t-il… A-t-il survécu ? demanda-t-elle d’une voix étranglée. Et Loumé ?

      Surpris, Sham secoua la tête.

    - Malheureusement, Loumé était déjà morte lorsque je suis arrivé. Hassan n’a résisté que quelques minutes, juste le temps de m’envoyer vous chercher. Il avait confiance en vous.

     

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      La jeune femme se mit à pleurer doucement.

    - C’est ma faute si Amalric les a tués ! Je me sens tellement coupable ! Si j’avais refusé cette offre de travail, si j’étais restée sur Rhyway, ils ne seraient pas morts ! Si je n’avais pas imploré Amalric de ne pas leur faire de mal, et de ne pas détruire le site archéologique, peut-être n’aurait-il pas donné cet ordre affreux !

      Elle se cacha la figure dans les mains.

    - Arrêtez, Johanne ! coupa Sham. Quoi que vous ayez fait, Amalric ne les aurait pas laissé vivre. Ils étaient suspects ! Hassan et Loumé savaient ce qu’ils risquaient. Ils ont refusé d’être évacués. Mais nous n’avons pas le temps de les pleurer. Pas maintenant.

    - Je suis désolée. murmura-t-elle en essuyant ses larmes d’un geste brusque.

    - Je vais vous expliquer ce que sera votre travail. Il vous faudra étudier et recouper tous les documents découverts par Hassan cette fois et lors de missions précédentes.

    - Hassan a pu vous les transmettre ? Amalric était si sûr d’avoir tout fait sauter !

    - Hassan est… était plus malin et résistant qu’Amalric pouvait imaginer. Il tenait plus à notre cause qu’à sa propre vie. Nous recherchons des indications qui nous permettraient de retrouver une flotte. La plus grande jamais construite. Des vaisseaux de guerre puissants, perdus il y a cinq cents années standard.

    - Vous cherchez réellement de la Flotte Royale ! souffla la jeune femme abasourdie. Celle envoyée par le souverain Majan Valinë hors de notre galaxie ?

      Sham hocha la tête.

    - Selon la légende, ils étaient partis à la recherche de l’ancienne Terre d’où l’espèce humaine serait issue. continua-t-elle, rêveuse. Croyez-vous vraiment qu’il s’agit de faits réels ?

    - En tout cas, Wendy Paresc y croyait dur comme fer. Elle recherchait des preuves et des indications et les réunissait dans l’espoir de la retrouver. Wendy savait qu’elle était surveillée, et en perpétuel danger. Elle a caché tout ce qu’elle avait trouvé dans un ancien centre militaire datant aussi de la période Valinë dont personne ne connaissait l’emplacement, sauf vous, et sa meilleure amie, Moïra Genery.

    - Mais je ne connais pas cet endroit ! s’affola-t-elle.

    - En êtes-vous sûre ?

     

    4-1

     

      “Sur une planète froide comme neige… commença-t-il à fredonner.

    - Un bloc de cailloux baptisé Aïrys

      Se cache la clef de mon plus beau rêve… continua-t-elle.

      Comment connaissez-vous cette comptine ! C’était maman qui me l’avait apprise !

    - Wendy Paresc ne laissait jamais rien au hasard. Nous arriverons sur Aïrys dans environ une heure. Il y a autre chose que je souhaiterais vous demander…

    - Quoi donc ?

    - Votre tatouage, le dragon vert… Il faudra que je l'étudie…

      Johanne recula brusquement comme si un serpent l’avait piqué, et son regard s’assombrit.

    - N’y comptez surtout pas ! grinça-t-elle.

      Sous l’orage des prunelles vertes, Sham fit machine arrière. Elle semblait tellement sûre d'elle, sans cesse à le défier et le provoquer, qu'il en avait oublié le traumatisme qu'elle venait de vivre.

     

    4-1

     

    - Je vous en prie, excusez-moi. Je ne voulais pas vous blesser. »

      Elle détourna le regard et la fin du trajet s’effectua dans un silence glacé.

     

    Suite du chapitre 4


  • Commentaires

    1
    Ness Profil de Ness
    Dimanche 17 Mars 2013 à 02:54

    C'est vrai qu'à la voir comme ça, on en oublierait presque tout ce qu'elle a subit...

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