• 8 - 2

      Dissimulée derrière le passage, Wendy entendit les paroles d’Amalric. Le son de cette voix haïe la bouleversa. Elle se mit à courir en direction de la ville, les questions se bousculant dans sa tête. Qui pouvait bien être cette Loreen qui venait de donner sa vie pour elle ? Que s’était-il passé pendant son hibernation ? Et d’ailleurs, combien de temps avait-elle été prisonnière de la gangue de marbre ? Dès qu’elle fut hors de vue de la propriété d’Amalric, elle se mit à courir. Arrivée à l’entrée de la ville, elle monta dans un aérobus. Le cœur battant à se rompre, elle resta sur le qui-vive jusqu’à l’astroport. Épuisée et affamée, Wendy dut s’acheter un sandwich avant de se mettre à la recherche de son seul contact. Le Hook et un certain Sham. Après avoir traversé tous les hangars, elle finit par trouver le vaisseau.

    8 - 2

    Anxieuse, elle s’avança vers la passerelle ouverte. Deux hommes montaient à bord en se disputant. Elle entendit des bribes de conversation.

    - Non, Camille ! Nous ne pouvons pas y aller ! Les commandos du groupe de Ralf Stens ont bombardé la propriété d’Amalric ! C’était prévu depuis longtemps ! Je n’ai pas réussi à le joindre pour arrêter la manœuvre. Si on y met le nez…

    - Mais te rends-tu compte de ce qu’elle risque ? Bon sang ! Don avait raison ! On aurait dû la boucler dans sa cabine ! Et il n’a pas donnée signe de vie depuis des heures non plus ! 

    - Excusez-moi, seriez-vous Sham ? appela Wendy à voix basse.

      Les deux hommes sursautèrent. Arkab bondit sur elle et l’immobilisa. Jean-Loup avait sorti son capteur infrarouge et scrutait les environs. Il la scanna aussi.

    « Elle a l’air seule et sans mouchard.

    - Montons-la à bord ! lança Camille. On ne peut pas se permettre de se faire remarquer.

      Altaïr se débattait, mais faible comme elle était, elle ne pouvait pas rivaliser avec la force des deux hommes. Ils la conduisirent jusqu’à la pièce principale où Jean-Loup Montjoie la reconnut brusquement.

    - Wendy ! cria-t-il en reconnaissant la femme qu’il croyait avoir perdu.

      Les deux hommes la lâchèrent immédiatement, mais elle ne put plus supporter tout ce qui venait de lui arriver. Elle s’effondra sur le sol.

    8 - 2

       Lorsqu’elle reprit connaissance, elle était allongée sur une couchette. Elle distingua trois voix différentes qui parlaient tout près d’elle. Elle ouvrit les yeux et dut cligner plusieurs fois des paupières pour que sa vue redevienne distincte. Elle se redressa sur les coudes. Les voix se turent.

      Elle jeta un bref regard autour d’elle. Son cœur se serra. Elle crut reconnaître la jeune femme noire qui l’avait sauvée, mais ce n’était pas elle, les yeux étaient ambre et non verts. Un des hommes resta en retrait tandis que le second s’approchait d’elle, l’air terriblement ému.

    - Wendy ! murmura-t-il.

    - Mon Loup !

     8 - 2

       Sans réfléchir, elle se jeta dans ses bras. Il la serra très fort contre lui. Elle s’écarta brusquement.

    - Où suis-je ? demanda-t-elle.

      Jean-Loup sourit.

    - Tu es à bord du vaisseau du commandant Sham.

      Wendy fronça le sourcil. « Qui est-ce ? » Son regard se posa sur l’autre homme. Elle poussa un petit cri.

    - Non ! Ce n’est pas possible ! Tu n’es pas… Camille !

      Jean-Loup baissa les yeux.

    - Wendy, il faut que tu saches… Il y a très longtemps que tu as disparu. Nous t’avons crue morte.

    - Combien de temps ?

    - Onze ans. avoua Camille.

    - Onze ans ! souffla-t-elle, affolée.

      Jean-Loup crut comprendre son angoisse.

    - Tu viens de passer un examen médical complet. Le médico-droïd a rendu son verdict. Pour lui, tu es toujours une femme de trente-huit ans et non de quarante-neuf. Le temps s’est arrêté pour toi, mais pas pour nous…

      Wendy hocha la tête et considéra Jean-Loup, qui la regardait avec tendresse et inquiétude. Il avait vieilli, en effet. Ses cheveux étaient maintenant grisonnants. La dernière fois qu’elle l’avait vu, il n’avait pas ces rides soucieuses sur le front. Elle avisa la jeune femme qu’on ne lui avait pas présentée. Camille avança.

    - Wendy, je te présente Syndël Myryan.

      Les deux femmes se serrèrent la main.

      Le jeune homme finit par poser la question qui lui tenait à cœur.

    - Wendy ? Comment as-tu été libérée ?

    - Je ne le sais pas très bien. Les ténèbres se sont dissipées brusquement. Je me suis réveillée dans les bras d’une jeune fille à la peau sombre. Elle m’a dit s’appeler Loreen. Est-ce votre sœur, Syndël ?

     8 - 2

       La chanteuse secoua négativement la tête, n’osant pas lui révéler elle-même la vérité.

    - C’est ma meilleure amie.

    - Elle a donné sa vie pour moi. Elle a retenu Amalric pour me permettre de fuir.

      Jean-Loup blêmit.

    - Non ! Ce n’est pas possible ! Elle n’est pas morte ?

      Wendy soupira.

    - Je ne sais pas. Mais peut-être cela vaudrait-il mieux pour elle, plutôt que subir la colère de Cal Amalric. Je lui ai révélé le passage pour sortir de chez Amalric, par les sous-sols. Mais c’était presque trop tard. Elle m’a poussée dehors en me disant qu’elle n’avait aucune importance. Elle m’a ordonné de venir ici. Elle m’a dit que c’était toi qui l’avais envoyée, Loup !

      Jean-Loup chercha les mots pour lui avouer l’identité réelle de l’inconnue.

    - Wendy ? Tu connais la jeune femme qui t’a sauvée. C’est Johanne, notre fille.

    - Notre fille, mais ce n’est qu’une… adulte ! finit-elle avec un sourire triste. Mon Dieu ! C’était Johanne ? Mais, elle n’a pas la peau noire !

    - Il existe bien des moyens de foncer ou éclaircir la couleur de sa peau… commenta Camille.

      Soudain, Wendy réalisa ce qui venait d’être dit.

    - Loup ! Ne me dis pas que tu as envoyé ma fille se jeter entre les griffes de ce sadique !

      Camille comprit que les explications risquaient de s’éterniser. Wendy ne pourrait jamais rattraper onze ans en dix minutes.

    - Le temps accordé pour les retrouvailles est écoulé ! coupa-t-il. Wendy, vous allez immédiatement repartir avec Jean-Loup et Syndël, pour rejoindre le vaisseau amiral. Le sacrifice de Johanne ne doit pas être vain. Moi, je m’occupe de retrouver Sham. Il va forcément me contacter. Il saura quelque chose. Je vous tiens au courant.

    - Je reste ici ! avança Syndël, déterminée.

    - Et pourquoi donc ? s’enquit Camille étonné.

    - Parce que je ne fuirais pas lâchement. Je n’abandonnerai pas Johanne ! rétorqua-t-elle en bravant ce regard vert qui la fascinait depuis la première seconde.

      Camille haussa les épaules.

    - Comprenez-moi, ce n’est pas une fuite, Syndël. Si vous êtes repérée, ce pourrait être dramatique pour vous ! Amalric doit avoir lancé un mandat contre vous !

     8 - 2

     - Je ne partirai pas sans elle ! s’entêta-t-elle. Johanne est mon amie ! Si vous parvenez à les retrouver, peut-être vous faudra-t-il quelqu’un pour faire décoller le vaisseau en urgence ou vous aurez besoin d’une diversion…

      Camille capitula, touché par la détermination affichée par la jeune femme. Les yeux d’ambre montraient sa décision de ne pas céder.

    - C’est d’accord. Mais vous ne quitterez pas ce vaisseau. Et vous suivrez mes instructions. »

    Suite du chapitre 8


  • Commentaires

    1
    Ness Profil de Ness
    Dimanche 19 Mai 2013 à 20:48

    Wendy ne pourra surement jamais rattrapé tout ce temps perdu à cause de ce sadique... En tout cas j'espère qu'il n'est pas trop tard pour Johanne ! Je me demande dans quel état elle se trouve maintenant :/

    2
    Mercredi 24 Juillet 2013 à 11:53

    Pauvre Wendy... Même si elle est sauvée, est-ce qu'elle pourra vraiment se remettre d'avoir vécu une telle chose ? 11 ans !

    (Sinon je sais pas pourquoi, mais je sens que le courant passe bien entre Camille et Syndël XD)

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