• 9 - 1

      Johanne perdit très rapidement connaissance. Elle ne se réveilla que lorsque sa capsule atterrit sur la surface de la planète grise. Le couvercle de son sarcophage s’ouvrit avec un grincement sinistre. Elle se leva avec difficulté, encore sous le choc de l’interrogatoire d’Amalric. Le vent glacial la fit frissonner. Elle fit quelques pas, regarda autour d’elle. Rien ne bougeait. La planète grise n’était en fait qu’un gigantesque dépotoir où la végétation dissimulait mal les anciennes traces de civilisation. Elle savait que quelques siècles auparavant, une bombe à neutrons avait explosé, détruisant toutes les villes et la plupart des habitants de la planète. On avait décidé en haut lieu de ne pas la faire reconstruire. Elle avait été transformée en un lieu pénitentiaire définitif, sans gardien et sans issue. Le moindre vaisseau qui s’en approchait était détruit sans sommation par les escouades de l’armée qui patrouillaient autour de la planète. De temps en temps, un patrouilleur de l’Union descendait faire un relevé de la population vivante, laissant des caisses de vivres et de matériel de base en échange de la coopération des chefs de clans.

    9 - 1

      Il faisait nuit. Johanne se blottit contre la capsule, gelée et terrifiée.

      Un peu moins de cinq minutes après son atterrissage, une seconde capsule vint s’écraser à côté de la sienne, la faisant sursauter. Sous ses yeux effarés, le couvercle se souleva. Son passager en sortit souplement, silhouette fantomatique dans l’obscurité.

    « Charmant comité d’accueil ! »

    Une panique sans nom s’empara de la jeune femme qui recula, tourna les talons et se mit à courir.

      Donatien n’hésita pas une seconde avant de se lancer à sa poursuite.

    - Attends, Johanne ! Vains dieux ! Reviens !

      Malgré tous ses efforts, Johanne sentait son poursuivant se rapprocher. Finalement il se jeta sur elle, l’immobilisant sur le sol grâce à un plaquage digne d’un rugbyman.

    - Johanne ! Je t’en prie, calme-toi ! murmura-t-il comme elle se débattait. C’est moi ! Sham !

    - Commandant Sham !

      Johanne se détendit brusquement.

     9 - 1

    (HS: L'image est claire pour des raisons de visibilité, mais il fait presque noir en réalité )

    Soulagé, Donatien la lâcha. Elle resta allongée à terre, épuisée.

    - Que fais-tu ici ? murmura-t-elle, à peine rassurée.

    - J’étais venu flanquer une correction magistrale à une petite inconsciente, ma belle ! gronda-t-il. Mais Amalric est passé avant moi, si j’en crois les magnifiques ecchymoses qui ornent ton visage ! Ce n’est ni le lieu, ni le moment de régler mes comptes. Allez, redresse-toi !

      Il l’attrapa par le bras, l’obligeant à se lever. Elle gémit et il relâcha son étreinte.

    - Désolé, ma belle ! Mais nous ne devons pas rester ici ! expliqua-t-il en parlant très vite. Dès qu’une capsule tombe, des bandes souvent pas très recommandables débarquent pour “s’occuper” du nouveau venu. Une fille, surtout dans ta tenue, est une denrée si rare que tu serais une proie de choix pour eux !

    - Comment sais-tu ça ?

    - On en discutera plus tard ! Prends le sac que j’ai mis dans ta capsule et suis-moi !

      Trop étonnée pour protester, Johanne obéit. Elle se mit à courir derrière son compagnon. Sham avait enlevé son masque ! songeait-elle. L’obscurité ne lui permettait pas de distinguer correctement ses traits, malheureusement. Tout à coup, elle ne le vit plus. Elle s’arrêta net, pétrifiée par l’angoisse.

    - Qu’est-ce que tu fabriques ? chuchota-t-il, courroucé. Viens te mettre à couvert !

      Il la tira par le bras. Elle se sentit tomber dans un trou sombre, au milieu de buissons.

    - Couche-toi par terre et surtout, ne dis rien !

      Subjuguée par le ton impérieux, la jeune femme se laissa tomber sur le sol. Elle sentit avec un peu d’angoisse Sham l’attirer contre lui.

    - Pas un bruit ! »

    9 - 1

      Au milieu de la grande trouée où leurs capsules étaient tombées, des silhouettes sombres venaient de faire leur apparition. Les hommes se penchèrent avec précipitation sur les engins, mais durent constater qu’ils étaient vides. Manifestement furieux, ils cherchèrent autour d’eux, mais les deux jeunes gens étaient partis trop loin. D’ordinaire, les nouveaux exilés ne s’éloignaient pas de leur lieu de chute, permettant ainsi aux gangs de les trouver immédiatement.

      À la fois terrifiée et frigorifiée, Johanne se mit à trembler. Donatien le sentit.

    - Nous allons rester là pour la nuit, ma belle mais tu vas changer de vêtements. souffla-t-il à son oreille. Vu tes fringues, ou ton absence de fringues plutôt, c’est un coup à mourir d’une pneumonie !

      Il s’écarta d’elle et ouvrit un des deux sacs. Il en sortit un tricot noir en tissu synthétique, très chaud, puis des grossiers vêtements masculins, destinés à dissimuler ses formes féminines.

      Sans lui laisser d’autre choix, il se mit en devoir de lui ôter son costume de scène humide. Il la bâillonna de la main, lorsqu’elle voulut protester.

    - Aide-moi, au lieu de gigoter ainsi ! Je n’en veux pas à ta pudeur ! Vu la lumière qu’il y a dans ce trou, je ne risque pas de voir grand-chose !

      Lorsqu’elle fut complètement habillée, Johanne releva ses longues tresses sombres et les coinça sous le béret noir qu’il lui tendit.

    - Parfait ! approuva-t-il. Si on se fait piéger, ton nom est Jo. Ici, pour survivre, il faut accepter de s’aliéner à un des gangs, c’est-à-dire devenir l’esclave du petit chef et de ses lieutenants. Dans ton cas, ce serait équivalent à Amalric, à part que l’hygiène de ces mecs est déplorable. Donc tu vas m’obéir sans discuter jusqu’à ce qu’on soit en sécurité. Clair ?

    - Très clair ! Mon général ! fit-elle en esquissant un salut militaire.

      Le jeune homme se détendit et sourit.

    - J’ai lu dans le dossier d’Amalric que tu étais une experte en tir à l’arc. Est-ce vrai ?

      Elle hocha la tête, essayant de percevoir précisément son visage dans la pénombre, mais seuls ses yeux brillants lui étaient distincts.

    - Parfait !

      Il ouvrit le second sac, énorme, qu’il avait apporté dans sa propre capsule. Il en sortit un long arc en métal rare. Il le lui tendit, ainsi qu’un carquois rempli de flèches à l’embout électrique. Celui qui en recevait une était soumis à une décharge électrique qui le mettait hors combat pour une dizaine d’heures.

    - Merci.

      Ils mangèrent un peu, en essayant de faire le moins de bruit possible, car des petits groupes cherchaient encore autour d’eux, sans pour autant découvrir la fosse dissimulée sous la végétation.

          Épuisée, Johanne finit par s’endormir. Dans son sommeil, elle se blottit contre Donatien qui referma ses bras sur elle. Il fut pris d’une soudaine envie de l’embrasser, mais s’abstint. Elle avait besoin de sommeil. Mieux valait ne pas la réveiller. Et puis, ce n’était pas le moment de compliquer les choses ! Il restait encore un certain nombre d’explications à lui donner.

    9 - 1

     Suite du chapitre 9


  • Commentaires

    1
    Kallaria Profil de Kallaria
    Lundi 20 Mai 2013 à 14:37

    hum mais moi aussi je voudrais m'endormir dans ses bras ! *ok je sors* :p

    2
    Ness Profil de Ness
    Lundi 15 Juillet 2013 à 23:26

    Héhé j'aime bien la tournure que prend l'histoire !! (Si on fait abstraction de la planète grise xD)

    3
    Mercredi 24 Juillet 2013 à 12:04

    Aww <3

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