•   Assis aux commandes du Hook, Donatien ne décolérait pas. Il ne parvenait pas à accepter ce qu’il avait appris. Inconsciemment, il cristallisait sur la jeune femme toute l’angoisse et la colère que le récit de Calv avait provoqué.

      À ses côtés, Jean-Loup Montjoie était partagé entre la colère et le soulagement. Il aurait voulu détruire Amalric lui-même. Il aurait voulu épargner à sa fille cette épreuve supplémentaire. Tout se terminait bien, mais à quel prix ?

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    - Bon sang ! explosa encore Donatien. Elle n’a donc rien dans le crâne ? Trois fois ! Ça fait la troisième fois qu’elle me fait un coup pareil et que je dois aller la chercher jusque dans les griffes d’Amalric ! »

      Jean-Loup songea avec tendresse que son adorable fille était exactement comme Wendy, peut-être même pire ! Elle paraissait au moins aussi téméraire et elle avait décidément le même chic pour mettre “son” homme en colère… Ils avaient quitté Sobolev depuis deux heures et Don ne pouvait tenir plus de cinq minutes sans s’énerver contre Johanne.

    - En fait, la première fois que je l’ai vue, elle avait perdu connaissance, tellement il lui avait fait du mal ! À croire que ça lui plaît ! »

      Jean-Loup posa une main apaisante sur le bras de son jeune ami.

    - Cesse donc de ruminer ta colère ainsi ! Tu n’y changeras rien de toute façon. Sa mère est exactement comme elle ! Tout ce que j’ai gagné à vouloir la contrôler, c’est de la pousser à prendre davantage de risques. Je l’ai perdue pendant treize longues années !

      Le jeune homme haussa les épaules, buté.

     

    - Veux-tu aller la rejoindre, Donatien ? proposa Jean-Loup. Je suis entièrement capable de m’occuper de cet engin, tu sais !

    - Non.

    - Pourquoi donc ?

    - Tout simplement parce que si je me trouve seul avec elle, dans l’état de colère où je suis, elle risque de regretter la douceur d’Amalric !

      Jean-Loup hocha la tête en soupirant.

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    - Dans ce cas, j’aime autant que tu restes ici ! J’ai failli tuer Wendy, un jour de colère… »

      Lorsque le Hook se posa dans la cale principale du Dragon, Jean-Loup et Sham constatèrent qu’il y avait de nombreux vaisseaux amarrés. Camille était arrivé quelques minutes avant eux. Il les attendait.

    - On est en retard, papa ! Suite à la découverte de Jo’, Altaïr a organisé une réunion au sommet. Les différents chefs de groupe sont là. Elle a même réussi à convaincre les deux autres chefs de la résistance : le général Ralf Stens et Phylia Hardt sont là. Il ne manque plus que nous.

      Donatien hocha la tête.

    - Vas-y Jean-Loup, je vous rejoins ! »

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      Quelques instants après, le visage dissimulé sous son masque noir, le commandant Sham pénétra seul dans la grande salle de conférence où une vingtaine de personnes était déjà installée autour de la table de réunion.

    - Bonjour, Sham ! lança Wendy avec un sourire. Johanne n’est pas avec toi ?

      Donatien serra les mâchoires.

    - Elle est épuisée ! lâcha-t-il simplement.

      Camille murmura quelques mots à l’oreille de Syndël qui fronça les sourcils. Elle se leva.

    - Je sais par quoi elle est passée, Sham. Mais sa présence est indispensable ! insista Wendy, étonnée. C’est sa découverte, elle doit nous expliquer de quoi il retourne exactement.

    - Donne-moi le passe ! intervint Syndël, je vais aller la chercher.

      Donatien hésita une fraction de seconde mais le regard de la chanteuse le mettait au défi de refuser. Il lui tendit la carte magnétique de mauvaise grâce. Ce n’était pas le moment de faire un esclandre. Si Altaïr avait besoin d’elle…

    - Donnez-moi dix minutes !

      Syndël partit en courant. Lorsqu’elle ouvrit la porte de la cabine où son amie était enfermée, elle poussa un petit cri. Johanne était en train d’enlever ses vêtements tâchés de sang. Vu les grimaces de douleur qui déformaient son visage, ce n’était sans doute pas facile. Elle se retourna brusquement, l’air furieux, puis sourit en reconnaissant Syndël.

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    - Salut, Syndël !

      Celle-ci secoua la tête, atterrée à la vue de son visage ensanglanté.

    - Dis-moi que ce n’est pas Sham qui t’a fait ça !

    - Non, c’est le sang d’Amalric. Don était vraiment hors de lui, mais il s’est retenu. Mais l’interrogatoire de ce salopard m’a laissée moulue… murmura Johanne en nettoyant son visage.

      Syndël l’aida à enfiler ses vêtements.

    - Nous sommes attendues ! pressa Syndël comme son amie se laissait tomber sur sa couchette. Ta mère a réuni une conférence au sommet pour parler de ta découverte.

    - De notre découverte ! corrigea Johanne. Sans toi…

    - Si tu veux, mais je n’y comprenais pas grand-chose ! Bref, Altaïr veut absolument que tu sois là. Par contre, ton Don…

      Johanne haussa les épaules.

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    - Je ne suis pas sûre que ce soit encore « mon » Don…

    Suite du chapitre 13


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  •   Les deux jeunes femmes rejoignirent la salle de conférence au plus vite et s’installèrent aux places qui restaient. Syndël s’assit à côté de Camille et Johanne prit place entre son père et sa mère. Elle ne put s’empêcher de chercher Donatien du regard. Il était assis à l’autre bout de la table. Il tourna la tête vers elle et crispa les mâchoires. Malgré son masque, elle devina la froideur qu’il dégageait. Elle détourna les yeux aussitôt, pas assez vite néanmoins, puisqu’il eut le temps d’y voir briller des larmes.

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      Wendy se leva et prit la parole.

    - Chers amis, si je vous ai demandé de participer à cette réunion, c’est pour vous faire part d’une grande découverte qui a été faite il y a quelques mois par notre ami El Hassan Kayam. Loumé et lui l’ont payée de leur vie. Ma fille Johanne était là-bas avec eux. Ils ont retrouvé les comptes-rendus de la mission envoyée par Majan Valinë…

      Un brouhaha s’éleva dans la salle.

    - Bon sang, Wendy ! » s’écria un homme grisonnant, assis à côté de Don. Johanne ne l’avait jamais vu. « Vous rendez-vous compte ? C’est impossible…

    - Et pourtant, mon cher Ralf, c’est vrai. Il a été retrouvé sur Yperis, la planète où Majan Valinë avait installé sa base de recherche.

    - Vous nous faites mourir d’impatience, Altaïr ! lança Meg Tsaryn, la voisine de Ralf Stens. Qu’y a-t-il dans ce fameux rapport ?

    - Et la flotte ? interrogea Phylia Hardt.

      Wendy sourit en posant la main sur l’épaule de sa fille.

    - Je vais maintenant laisser la parole à Johanne. C’est elle qui a su trouver dans la masse d’informations que nous avions rassemblé depuis des années le code permettant de déchiffrer le rapport.

      La jeune femme sursauta et tourna vers sa mère un regard paniqué. « Vas-y ! » souffla Jean-Loup.

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      Émue, Johanne se leva et commença à parler d’une voix tremblée.

    - Et bien, ce document qu’on a trouvé sur Yperis, est par chance complet. Il s’agissait de disques de données cachées dans un caisson de plomb, scellé, à l’abri de toute détérioration possible. C’est pour ça qu’il est inestimable. Car il relate tout ce que nous voulions savoir et bien davantage. Mais je suppose que ce qui vous intéresse en priorité, c’est de savoir si l’existence de la fameuse Flotte Royale fait partie du domaine de la légende ou non…

      Jean-Loup sourit intérieurement. Au fur et à mesure qu’elle parlait, elle prenait de l’assurance et se payait le luxe de maintenir le suspense. Tout le monde était suspendu à ses lèvres. « Désolé, Wendy, mais ça, je crois bien qu’elle le tient de moi ! » songea-t-il.

    - Je peux donc vous confirmer que ce document prouve l’existence de la Flotte vu qu’il en donne même une description détaillée…

      Ces paroles provoquèrent un grand émoi dans la salle. Tout le monde se mit à parler en même temps. Donatien et Camille échangèrent un regard étonné. Ils n’avaient pas pris le temps de lire les informations envoyées par Johanne, se contentant de se lancer à leur rescousse. Johanne leva les deux mains pour réclamer le silence.

    - Bon, vous voulez que je continue, ou pas ? lança-t-elle d’une voix forte.

      En quelques secondes le silence s’établit.

    - Le problème réside ailleurs. Car cette Flotte serait restée entièrement sur l’ancienne Terre…

    - Mais à quoi tout cela rime-t-il, alors ? coupa Ralf Stens. Personne ne saurait la retrouver dans l’Univers. On ne sait même pas si elle existe encore !

      Johanne lui jeta un regard amusé, évitant soigneusement de s’arrêter sur son voisin immédiat.

    - J’ai la vague impression que vous êtes impatient, général Stens ! Pourriez-vous me laisser finir mes phrases ? J’arriverai plus vite à la fin de mon histoire comme ça !

      Le révolutionnaire laissa échapper un petit rire gêné.

    - Je vous prie de m’excuser, Johanne. Je ne dirai plus rien, je vous le promets !

    - Je vous parlais donc de l’ancienne Terre. L’information la plus extraordinaire de ce compte-rendu, c’est une carte. Nous avons la position exacte du système solaire où se trouve l’Ancienne Terre.

      Un grand silence s’abattit sur la salle. À part Syndël et elle, personne n’avait connaissance de ce fait, pas même Wendy qui n’avait pas étudié le document en profondeur.

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    - Si tes informations sont exactes, nous allons enfin pouvoir lutter à armes égales contre l’Union ! s’exclama Camille.

    - Pour l’instant, je ne fais que relater ce qui est inscrit sur le document. Mais je suis une scientifique. De ce fait, je dois maintenant vous décrire quels sont les revers possibles de cette médaille. Tout d’abord, la distance qui nous sépare de la galaxie de la Terre est très grande. Plusieurs millions d’années lumières…

    - Mais à quoi cela peut-il nous servir alors ? s’étonna un militaire d’une cinquantaine d’années.

    - Attends, Luigi ! intervint Jean-Loup, agacé. Elle n’a pas fini.

      Johanne remercia son père d’un sourire.

    - Lorsque nos très lointains ancêtres sont venus de là-bas, ils ont construit une sorte de “raccourci”. Un train d’onde qui permet de relier notre galaxie à celle de la Terre en quatre mois. Là, je vous rassure tout de suite. Syndël et moi avons retrouvé la station spatiale. Apparemment, elle fonctionne encore. Par contre, le deuxième problème se situe dans le fait que ce document date de plus de cinq cents années standard. La Flotte Royale a été laissée là-bas, mais qu’a-t-il pu se passer depuis ? S’il y a encore des hommes, ou d’autres formes de vie intelligente sur la Terre, peut-être les vaisseaux ont-ils été découverts… Ou tout simplement sont-ils hors d’état de fonctionner… Voilà, tout ce que le document m’a révélé, et les conclusions que j’ai pu en tirer. »

      Elle parcourut la salle du regard avant de s’asseoir. Les conversations se mirent à aller bon train. Malgré le choc de la nouvelle, Donatien garda la tête froide. Il secoua la tête en voyant les discussions incrédules entre les membres des différentes factions. Il fallait intervenir sinon tout allait s’éterniser. Jean-Loup se leva brusquement.

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    - Comme vous tous, je viens de découvrir la teneur exacte de ces informations et j’en suis abasourdi. Je suis d’avis que nous ne devons pas laisser passer la chance qui nous est offerte.

    - Que veux-tu dire, Jean-Loup ? interrogea Phylia.

    - Nous devons partir du principe que la Flotte existe, qu’elle est en état et que nous pouvons vraiment rejoindre l’ancienne Terre. Nous devons réfléchir à monter une expédition pour aller la chercher.

      Sham se leva à son tour en soutien à Jean-Loup.

    - Nous n’avons pas le temps de réfléchir ! Puisque sont réunis les représentants de toutes les branches déclarées de la résistance contre l’Union, je propose que nous votions maintenant à main levée, pour la proposition de Jean-Loup Montjoie. Il est bien entendu que si nous trouvons la Flotte Royale, elle ne sera utilisée que dans le dessein de renverser le pouvoir de l’Union et de rétablir dans toutes les planètes habitées une vraie démocratie respectant les libertés et les droits fondamentaux de ses habitants. Par ailleurs, si cette proposition est votée, il est bien évident que la composition de l’équipe qui partira sera décidée par tous. Je pense d’ailleurs qu’elle devra comporter une cinquantaine de personnes représentant toutes les sections de notre mouvement. Qu’en pensez-vous ?

      Wendy acquiesça.

    - Qui vote oui pour la proposition de Jean-Loup, avec les restrictions énoncées par le commandant Sham ?

      Les unes après les autres, toutes les mains se levèrent.

    Sham hocha la tête.

    - Cette résolution est adoptée à l’unanimité. conclut-il.

    - Alors qui va partir ? s’enquit Meg Tsaryn.

    - De manière évidente, tous les chefs de la révolution ne peuvent pas partir. précisa Ralf Stens.

    - Nous connaissons cinq sections différentes de résistance, n’est-ce pas ? Donc, il faut que chacune de ces cinq sections fournisse dix volontaires. lança Camille.

    - Et quand doit se faire le départ ? interrogea Luigi.

      Sham intervint.

    - Le plus tôt possible. On n’a pas le temps d’hésiter.

    - Et qui sera détenteur de la carte pendant ce temps ? interrogea Phylia.

    - Le Dragon ! trancha Johanne, qui n’était pas intervenue depuis un moment. Le rapport est déjà dans les mémoires du vaisseau.

      Le silence se fit. Il y eut des regards suspicieux.

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    - Ne me regardez pas ainsi ! s’exclama-t-elle. Cette expédition se fera à partir de ce vaisseau qui est calibré pour voyager dans le train d’onde ! Il est donc normal que ce soit ses mémoires qui le conservent ! Et ainsi, on est sûr que l’Union ne pourra pas s’emparer de ce secret, même par la torture.

    - L’idée est tout à fait raisonnable ! souligna Phylia. Il ne reste donc plus qu’à former les équipes et à organiser tout ça. Je propose de laisser la gestion de l’expédition à Arkab et Sham.

      Tout le monde acquiesça et Jean-Loup se leva.

    - D’ici demain, chaque groupe doit avoir formé son équipe. On montera l’expédition à ce moment-là.

    - C’est parfait ! conclut Ralf Stens. Merci Johanne de nous donner un tel espoir ! »

    Suite du chapitre 13


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  •   Tout le monde se leva en même temps. Beaucoup de révolutionnaires s’approchèrent de Jean-Loup et Wendy, pour leur témoigner leur sympathie, sachant tout ce qu’ils avaient sacrifié à la lutte contre l’Union. Donatien échangeait quelques mots avec Camille lorsqu’il se rendit compte que Johanne et Syndël quittaient la pièce.

    - Attends-moi dehors deux minutes ! jeta-t-il. Johanne !

      Il traversa la pièce au pas de course.

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    Il rattrapa la jeune femme par le bras dans la coursive.

    - Aïe ! s’exclama-t-elle comme il la serrait avec force.

    - Où comptes-tu aller comme ça ? demanda-t-il froidement.

      Elle ouvrit grand les yeux à cette question, choquée par son ton impérieux.

    - Je vais où je veux ! rétorqua-t-elle sèchement. Et lâche-moi ! Tu me fais mal !

    - Certainement pas ! Tu retournes sur le Hook !

      Johanne crut avoir mal entendu. Elle se dégagea brusquement et recula.

    - Tu peux répéter, s’il te plaît ?

    - J’ai dit, tu retournes sur mon vaisseau !

    - C’est trop fort ! s’emporta-t-elle. Pour qui te prends-tu ? Tu n’as aucun ordre à me donner.

    - Tu passes les bornes, Sham ! intervint Syndël. Johanne n’a aucun compte à te rendre !

    - Johanne n’a aucun compte à me rendre ? Je suis, quant à moi, persuadé du contraire ! Syndël, laisse-nous seuls !

      La jeune femme interrogea son amie du regard et celle-ci hocha la tête.

    - Vas-y, Syndël, je te rejoins tout de suite.

    - Tu es fière de toi ? lâcha-t-il en arrachant son masque comme ils restaient seuls. Johanne secoua la tête, perplexe devant la colère de son regard.

    - Que se passe-t-il, Donatien ? Explique-moi donc pourquoi tu es tellement énervé contre moi ?

      Comme un fauve, il bondit sur elle. Il l’attrapa par sa tunique et la plaqua contre le mur.

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    - Tu me demandes ce qu’il y a ? Bon sang, mais tu es vraiment inconsciente !

      Elle se mit à trembler.

    - Explique-moi ! gémit-elle. Qu’ai-je fait de si terrible ?

      Il la lâcha brusquement, la toisant avec un tel mépris qu’elle frissonna, comme s’il l’avait frappée.

    - Tu n’as même pas conscience de tes actes ! asséna-t-il d’un ton dur. Tu sais trop de choses sur notre lutte pour te permettre de te faire prendre par l’ennemi. Ta petite escapade aurait pu coûter à la révolution plus qu’elle ne peut se permettre. As-tu la moindre idée de ce qui aurait pu arriver à ton père ? Et la Flotte Royale ? Combien de temps Amalric aurait-il dû t’électriser avant que tu ne lui révèles tout ?

    - Je n’aurais pas parlé ! gémit-elle.

    - Comment peux-tu avoir cette certitude ? De plus coriaces que toi ont craqué. Et s’il avait torturé Syndël ou ton père devant toi ? Tu aurais fait quoi ?

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      Johanne baissa la tête. Comment répondre à cette question ?

    - Ce n’était pas pour rien que je t’avais interdit de…

      Blessée, Johanne se rebiffa brusquement.

    - Mais tu n’as rien à m’interdire ! cria-t-elle. Tu sais très bien que j’avais une bonne raison de prendre ce risque ! Nous n’avions pas de nouvelles de vous depuis deux mois. Nous voulions être sûres que l’espoir que nous apportions ne soit pas vain ! Mais évidemment, monsieur Sham n’était pas là ! On a pris une décision sans lui ! Crime horrible ! »

      Sham ne put plus réprimer sa colère. Il donna un violent coup de poing dans la cloison. Johanne frémit.

    - Parce qu’aller te faire démolir par Amalric, c’est sûr que c’est très intelligent comme décision ! Regarde donc dans quel état il t’a encore mise ! Et si je n’étais pas intervenu, sais-tu ce qu’il aurait fait ?

    - Mais ce n’est pas arrivé. Alors calme-toi !

    - Non je ne me calme pas. Tu n’as pas la moindre idée des conséquences de ton escapade ! Arkab et moi avons annulé une opération de sabotage organisée minutieusement depuis des semaines par ta faute ! Qui sait si une telle occasion se représentera ? Il suffisait que tu nous attendes une semaine ! La Flotte est perdue depuis des centaines d’années, on en était pas à une semaine près ! Je vais demander ta mise aux arrêts. Ton inconscience est dangereuse pour la révolution.

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      Appelés par Syndël, Wendy et Camille les avaient rejoints.

    « Aux arrêts, tu y vas peut-être un peu fort… fit Arkab, d’un ton apaisant.

      Le regard de Donatien devint noir. Sous l’empire de la colère, il ne contrôlait plus ses paroles. Les dernières paroles de Calv résonnaient dans sa tête. Son point faible… Il n’aurait pas de point faible.

    - Je n’ai plus confiance en toi. Ta folie est trop dangereuse pour nous !

    - Pas plus que la mienne ! ajouta Wendy, étonnée.

      Le cœur serré, Johanne tendit la main vers Don.

    - Don, mais je t’aime…

    - Je n’ai plus confiance en toi, répéta-t-il d’un ton dur. Tu nous mets trop souvent en danger. Je refuse que tu sois mon point faible. Tu n’es plus rien pour moi. »

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      Il se détourna. Camille le rattrapa tandis que Johanne restait figée, soutenue par sa mère.

    - Bordel Sham ! Tu es devenu complètement fou ! Tu te comportes comme un vrai salaud ! Tu viens de lui briser le cœur !

    - Tu sais bien que je n’ai jamais eu de cœur. Ensuite mêle-toi de tes affaires. Il me semble qu’on a une expédition fondamentale à organiser. Tu me casseras la figure un peu plus tard. »

      Johanne et Syndël s’éloignèrent en compagnie de Wendy pour rejoindre le réfectoire. Elles se retrouvèrent mitraillées de questions par les membres de la révolution. Personne ne parvenait à croire ce qu’elles avaient découvert. Elles racontèrent plusieurs fois leur visite de la station de transfert. Mais elles n’avaient qu’une hâte, se retrouver seules toutes les deux. Elles réussirent à s’éclipser pour s’installer dans la cabine de Johanne, avec une tasse de thé.

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    - J’ai un truc à t’avouer, Jo… murmura Syndël.

      Johanne sourit.

    - Cela aurait-il un rapport avec mon frère ?

      Syndël sursauta.

    - Comment le sais-tu ?

    - Pour deux raisons ! La première, c’est qu’il m’a demandé avant notre escapade s’il y avait quelqu’un dans ta vie. La deuxième, c’est les regards que vous échangiez pendant la conférence !

      Syndël rougit.

    - Ça se voyait beaucoup ?

    - Vous vous êtes dévorés du regard pendant toute la réunion, Syndël ! Mais rassure-toi, tout le monde était plutôt occupé par l’histoire de la Flotte. En tout cas, je suis très heureuse pour toi. »

      Elle poussa un soupir.

    « J’espère juste pour toi que mon frangin est moins instable que Don… »

    Son amie redescendit brusquement de son petit nuage.

    - Que s’est-il passé avec Donatien ?

    - Comme prévu, il m’a copieusement félicitée pour notre escapade. fit-elle avec une désinvolture qu’elle ne ressentait pas. Nous avons apparemment une divergence d’opinion…

    - Une divergence d’opinion ? J’aime bien tes euphémismes !

      L’éclat de rire de Johanne se termina dans un sanglot.

    - Si tu avais vu ses yeux ! Jamais je n’avais lu une telle colère froide. Son regard était glacé. Il était si méprisant ! Je ne sais même pas de quoi il me rend responsable. Mais il a décidé que je n’étais plus digne de sa confiance.

    - Ce n’est un connard imbu de lui-même ! s’exclama la chanteuse, outrée. Il ne te mérite pas !

      Johanne essuya ses larmes d’un geste brusque.

    - De toute façon, le problème ne se pose plus. Je te parie que dans deux jours, je n’y penserai plus ! »

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      Syndël hocha la tête d’un air dubitatif. Quelque chose n’était pas clair là-dessous et elle se promit d’essayer de tirer les vers du nez de Camille. Lui saurait sûrement quelque chose.

    Chapitre 14


     

    Salut tout le monde!

    Il est encore temps de vous souhaiter une bonne et heureuse année 2014! Qu'elle vous apporte beaucoup de joie, santé, réussite...

    J'ai encore été très longue, mais comme promis, je continue et j'irais au bout. Bon, on a bien avancé, Don et Jo' se sont bien fâchés. (il a un sale caractère, ça c'est sûr!)

    Je vous avais dit que je participais au concours de modeling sur Simasartist? Et bien imaginez-vous que je me suis classée troisième, malgré tous mes ennuis d'ordis et autres! J'ai donc gagné les sims3, ce qui fait que j'ai dix jours de retard sur ma maj! Vous pouvez voir mes images du concours ici: Concours-modeling-simsartist-2013

    Bises à tous!

    Koe

     

     


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  •   Comme prévu, l’organisation de la mission avait posé pas mal de problèmes diplomatiques entre les cinq différentes factions de la révolution. Arkab et Sham avaient dû user de toute leur influence pour faire accepter des compromis de part et d’autre. Donatien rejoignit tard son vaisseau, anxieux.

    « Les tests que vous avez lancés se sont terminés il y plusieurs heures. » confirma Galois.

      Sham se pencha hâtivement sur son ordinateur médical. Lorsque le résultat qu’il attendait apparut sur l’écran. Il s’assit brusquement, se prit la tête entre les mains. Lutham Calv ne lui avait pas menti, ils étaient vraiment du même sang.

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     Le révolutionnaire Sham n’était autre que le petit-fils de son pire ennemi, le chef incontesté de l’Union qu’il combattait depuis quinze ans. Il songea soudain à ce que ça impliquait vraiment. Il eut l’impression que son cœur était pris dans un étau. Il était impossible qu’il reste à son poste comme si de rien n’était. Si l’on venait à découvrir ce terrible secret, que penserait-on de lui ? Il avait consacré toute sa vie à cette cause… Et Johanne ? Toute la scène qui les avait opposés lui revint brusquement en mémoire : sa violence, ses paroles odieuses et le pire, il avait failli la frapper.

    « Je deviens fou ! » gémit-il.

      Le plus détestable à son avis, c’est qu’il avait rendu la jeune femme responsable de ce qu’il avait découvert. Sa colère venait en grande partie de là. Il ferma les yeux en se remémorant son air désespéré… Rien ne serait plus pareil. Elle ne lui pardonnerait jamais. Il regarda de nouveau l’écran, les poings crispés. Son devoir était de démissionner, et il l’accomplirait, quoi que ça puisse lui coûter. Il n'avait pas tué Calv. Il assumerait son erreur.

      Le lendemain, il arriva le dernier dans la petite salle de conférence. Les cinq chefs de section de la résistance étaient déjà installés autour de la table pour signer le protocole d’accord. Wendy avait pris place à côté de son mari et de Camille.

    - Enfin, commandant Sham ! s’exclama Phylia Hardt. Nous vous attendions pour commencer ! Auriez-vous eu une panne d’oreiller ?

      Donatien s’avança. Sous son masque noir, sa pâleur extrême ne se voyait pas. Il remarqua juste le regard noir que Wendy lui lança.

    - Meg, Phylia, Général Stens, Amiral Lucchese, Jean-Loup, je sollicite la permission de faire une déclaration avant que nous passions à l’objet de cette réunion.

      Les cinq chefs échangèrent un coup d’œil étonné et Phylia hocha la tête. « Allez-y, commandant Sham, mais ne soyez pas trop long ! »

    - Je vous remercie.

      Donatien s’avança. Il enleva son masque et le posa devant lui. Des murmures étonnés s’élevèrent. A part Camille et Jean-Loup, aucun membre de la révolution n’avait jamais vu son visage.

    - Si j’accomplis ce geste maintenant, commença-t-il, c’est parce qu’un événement inattendu m’oblige à remettre mon sort entre vos mains. Il y a moins de deux jours, j’étais sur Sobolev. Pour libérer la fille de Jean-Loup, j’ai été forcé de m’introduire dans le palais de l’Union. Je me suis retrouvé face à Lutham Calv. C’est ce qu’il m’a révélé qui cause ma honte. Je ne suis pas digne de votre confiance.

      Wendy sursauta. Elle comprit.

    « Je suis son petit-fils. Je suis le fils de Moïra Genery, alias Vega. Et Vega était sa fille. Jusqu’à hier soir, je ne voulais pas le croire. J’avais fait un prélèvement sanguin sur Lutham Calv et nos ADN correspondent. L’ordinateur ne peut se tromper. Je n'ai pas pu le tuer alors qu'il constitue une cible prioritaire pour nous. Je sais ce que vous pensez et vous avez raison. Il serait indigne que j’occupe le grade élevé qui est le mien. Je m’en remets à vous pour être jugé. »

      Un silence de mort s’abattit sur la grande salle de conférence. Nul n’osa prononcer un mot. Aucun des quatre chefs ne connaissait l’identité du commandant Sham. C’était la première fois qu’ils le voyaient à visage découvert. Seul Camille savait qu’il était le fils de Vega. Malgré cela, il considérait son ami avec stupéfaction. Donatien baissa la tête. Il déposa sur la table son blaster et tendit ses poignets.

    « Je me constitue prisonnier. »

      Wendy comprit soudain les causes de la violence que le jeune homme avait laissé échapper la veille. Le voir, ainsi, comme un accusé, avec personne qui disait mot, lui brisa le cœur. Jean-Loup lui avait raconté son histoire. Elle se doutait de ce qu’il devait souffrir, alors que, comme elle, il avait tout donné pour ce combat. Soudain, la voix rauque du général Stens s’éleva.

    - Vous divaguez, commandant Sham ?

      Donatien sursauta.

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    - Il n’y a plus de commandant Sham ! rétorqua-t-il. Seulement le descendant de Lutham Calv !

    - Le fils de Vega ! corrigea Phylia. Je connaissais les liens qui liaient Vega à Calv.

    - Moi aussi ! continua Altaïr. Je sais que Vega est morte parce qu’elle n’a jamais pu tuer l’homme qui lui avait donné la vie.

    - Vous êtes membre actif de notre lutte armée depuis plus de quinze ans ! reprit Phylia. Il est vrai que vos paroles nous ont choqués, mais c’est une question de surprise et non de dégoût ! Nous étions nombreux à ignorer que vous être le fils de Moïra. Votre volonté et votre courage ne nous ont jamais fait défaut ! Vous avez tout donné à notre cause ! Pourquoi est-ce que nous vous retirerions notre confiance ? Pourquoi voulez-vous partir, commandant Genery ? Car c’est ce nom que vous devez porter ! Celui de votre père! Nous avons besoin de vous ! Vous devez rester !

      Un murmure d’approbation s’éleva.

    - Mais, ce n’est pas possible…

    - Arrêtez vos conneries, commandant Genery ! coupa le général Stens. Nous n’avons pas de temps à perdre en considérations généalogiques ! Tuer Calv ne changerait rien, Rayan est aux aguets pour lui prendre le pouvoir. La vraie question c'est de savoir si vous, vous voulez continuer avec nous.

    - Évidemment !

    - Alors on se remet au travail, commandant. Tout le monde est d’accord avec moi ?

      Personne ne le contredit.

    - Parfait, passons à ce qui nous réunit maintenant ! Commandant Arkab ?

      Camille se leva et prit la parole pour exposer le plan qu’ils avaient mis au point, tandis que Donatien regagnait sa place, essayant de calmer les battements effrénés de son cœur.

      Lorsque Camille eut fini d’exposer leur projet de mission, le général Stens se leva.

    - Côté logistique, tout est parfait. Restent deux problèmes. D’abord, l’équipe scientifique. Je suppose que Jean-Loup et Johanne en font partie… Wendy aussi.

      Camille intervint.

    - Général Stens ? Je propose que miss Myryan fasse aussi partie de l’équipe.

    - Miss Myryan ?

    - Elle a beaucoup aidé Johanne  lors du décrytptage des documents sur la Flotte Royale…

      Meg Tsaryn éclata de rire.

    - Commandant Arkab, je vois que l’idée d’être séparé de votre amie vous est insupportable.

      Camille devint écarlate.

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    - Elle sera chargée de tout ce qui est prise de son et d’images tridi ! continua-t-elle. Je sais qu’elle s’y connaît, nous en avons parlé hier. Ne rougissez pas, commandant !

    - Ensuite, il faut un chef à cette mission ! enchaîna Phylia, amusée. Je pense que ce poste vous convient parfaitement, commandant Genery ?

    - Euh… Oui, mais…

    - Vous n’avez pas d’objections à faire ! Commandant Arkab, vous serez le commandant en second. Le départ de cette expédition se fera dans un mois. Tous les membres seront alors arrivés à bord de ce grand vaisseau.

      Dès que les deux chefs donnèrent le signal du départ, Donatien s’éclipsa aussitôt suivi par Wendy.

    - Don, attendez-moi !

      Il se retourna, baissant les yeux en reconnaissant Altaïr.

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    - Wendy… Je suis vraiment désolé de ce qui s’est passé hier…

    - Ce n’est pas de ça dont je veux vous parler. Je voulais vous dire… Jean-Loup et Camille n’ont pas pensé à me dire que vous étiez le fils de Moïra. Vous ne devez pas avoir honte de ce que vous êtes ! Vous… Votre mère était ma meilleure amie. Vous lui ressemblez tant.

    - Pourquoi me dites-vous ça ? murmura-t-il.

    - Parce que je vois que vous souffrez, Donatien. Je comprends votre colère. Vous n’avez jamais su qui vous étiez vraiment, et la réalité ne vous enchante pas.

    - La réalité…

    - La réalité c’est que vous êtes le digne fils de vos parents !

    - Non ! La réalité, c’est que je n’ai jamais connu mes parents. Et que je n’ai pas été capable de descendre Calv. »

      Il se détourna et Wendy le regarda s’éloigner d’un pas lourd. Elle frémit en voyant apparaître Johanne au bout du couloir. Donatien l’aperçut aussi mais il continua de marcher, en baissant la tête. La jeune femme ne bougea pas, le laissant s’éloigner.

    - Johanne… murmura Wendy.

      La jeune femme secoua la tête en regardant sa mère. Ses poings étaient crispés. Dans sa tête, les idées tourbillonnaient. Chagrin. Déception. Colère.

    - Je-ne-veux-pas-en-parler ! rétorqua-t-elle, les dents serrées. Jamais. »

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    Suite du chapitre 14


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      Le long trajet de la mission vers l’emplacement hypothétique de la planète Terre, berceau de l’humanité, devait prendre quatre mois. Pour ne pas imposer un si long séjour dans un espace clos, les cinquante humains qui composaient l’équipage avaient été mis en léthargie magnétique dans des capsules de survie. Toutes les semaines, le chef de l’expédition était réveillé par le pilote automatique du Dragon pour vérifier si tout se passait bien. Au moindre problème, c’était lui qui devait être le premier tiré de sa léthargie. Mais rien d’anormal ne se passa et la plupart du temps, Don se contentait de faire le tour du vaisseau avant de regagner sa capsule d’hibernation. Pourtant, à plusieurs reprises, il ne put s’empêcher de passer de longs moments à observer Johanne à travers sa capsule. Les quelques jours qui avaient précédé le départ avaient été terribles pour lui. Les seuls mots qu’elle avait daignés lui adresser concernaient la mission. Dès qu’il essayait d’aborder un autre sujet, le regard vert devenait presque noir et elle s’éloignait invariablement.

      Enfin, deux cents jours après leur départ, le Dragon de feu ralentit sa course en dépassant les plus grosses planètes du système solaire. Tout l’équipage avait été réveillé et les cinquante membres de l’équipage admiraient la splendeur du spectacle par la grande baie de la salle de contrôle.

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    L’appareil contourna Mars et la petite planète bleue apparut au loin, se rapprochant de plus en plus. Une grande émotion s’empara de tous. La Terre existait toujours ! Ce n’était pas une légende. Tout le monde se mit à s’embrasser et des cris de joie s’élevèrent. Pourtant, Don reprit rapidement ses esprits.

    - Holà ! Calmez-vous ! cria-t-il. Ne crions pas victoire trop vite ! Tout reste encore à faire ! Il nous faut atterrir et voir si nous pouvons retrouver la Flotte. Ceci risque de dépendre de la bonne volonté des habitants de la Terre.

    - Comment allons-nous procéder ? lança Wendy. Je ne pense pas qu’il soit opportun de tous débarquer en même temps !

    - Certes non ! approuva Camille.

    - Dans tous les cas, nous ne serons à portée de la Terre que demain. intervint Jean-Loup.

    - Nous déciderons alors qui débarquera ! conclut Donatien.

      Durant sa nuit artificielle, le Dragon vint se placer en orbite autour de la Terre. Soudain, la voix métallique du pilote automatique s’éleva dans la salle de contrôle. Donatien qui sommeillait sursauta.

    - Commandant Genery ! Je viens de capter un message radio qui nous est adressé.

    - Un message radio ! Attends ! Je préviens Jean-Loup et Camille !

      Réveillés par l’interphone, Jean-Loup et Wendy arrivèrent en courant, suivis par Camille.

    - Que se passe-t-il ?

    - Le Dragon dit qu’il a reçu un message, il y a quelques secondes… Peux-tu nous le passer ?

    - Bien sûr commandant Genery.

      Une voix étrangement chantante s’éleva dans la pièce.

      « Soyez les bienvenus sur la Terre, étrangers, si vous avez des intentions pacifiques ! Voilà fort longtemps que personne n’a utilisé le chemin des étoiles. Nous croyions que ce n’était qu’une légende. Le prince de Lynde serait très heureux de vous rencontrer. Viendrez-vous ? »

    - Bon sang ! Ils parlent la même langue que nous ! s’étonna Wendy.

    - Et manifestement ce prince attend une réponse ! Dragon ? As-tu la fréquence ?

    - Bien sûr, commandant Genery ! Je la mémorise sur votre comlink. Allez-y !

    - Nous sommes très heureux de constater qu’il y a encore des êtres vivants sur cette planète que nous considérions aussi comme une légende. Et nous serions enchantés d’accepter votre invitation. »

      La réponse fut cette fois quasiment immédiate.

    - J’en suis fort ravi ! s’exclama la voix. Je vous donne les coordonnées géographiques de l’endroit où vous pourrez atterrir. À très bientôt, amis venus d’ailleurs ! »

      Ils se regardèrent avec étonnement.

      Camille se décida enfin à parler.

    - À ton avis, combien doivent y aller ?

    - Je ne sais pas trop. On va réunir tout le monde dans la grande salle de conférence.

      Un quart d’heure plus tard, Donatien communiquait la nouvelle à son équipage. Un silence accueillit ses paroles.

    - J’attends donc votre opinion ! répéta Donatien.

    - Si tout le monde débarque, nous risquons d’inquiéter les autochtones. intervint Meg Tsaryn, qui avait une grande habitude de la diplomatie. Je pense qu’il serait bien que seulement un petit groupe rejoigne la Terre. Je propose que ce soit Wendy, Jean-Loup et Johanne. C’est peut-être cynique, mais une famille, c’est rassurant. Et vous, Donatien. Car c’est vous l’autorité. C’est un « prince » qui nous a contactés. Il ne faudrait quand même pas blesser une susceptibilité possible en n’envoyant pas le chef.

      Il hocha la tête.

    - Vous avez raison, Meg. Je pense que c’est la meilleure solution. Si tout se passe bien, vous pourrez tous venir. »

      Donatien confia le commandement du Dragon à Camille et monta à bord d’un petit vaisseau de liaison, où l’attendaient déjà Wendy, Jean-Loup et Johanne. Il poussa un soupir discret en considérant la jeune femme. Elle s’était maquillée avec soin. Si sa combinaison de n’avait rien de festif, elle n’en mettait que plus en valeur le charme de Johanne. Il songea qu’il n’arriverait jamais à l’oublier si elle était si proche de lui.

      En silence, il pilota le vaisseau dans les couches supérieures de l’atmosphère, ralentissant au maximum la vitesse de l’appareil. A vue, il découvrit l’immense plaine circulaire déserte, entourée de forêts épaisses. Quelques bâtiments s’élevaient à la limite de la verdure.

    - Ça doit être là, leur astroport ! souffla-t-il.

    - Nous sommes approximativement au dessus de l’Afrique ! constata Wendy. Non, plutôt vers le Proche Orient… Les contours des côtes de la région ont changé par rapport à nos documents mais cela me semble être la Syrie.

      Un voyant vert s’alluma. Johanne appuya sur le bouton correspondant.

    « Voyageurs inconnus, posez-vous sur la plaine ! »

      La voix était différente de celle du message, plus froide.

    - Avant, nous devons vérifier si votre air est respirable ! rétorqua Jean-Loup

    - Il l’était pour vos prédécesseurs, mais faites vos vérifications, nous vous attendons. »

      Wendy observait les résultats transmis par les capteurs du Dragon.

    « Azote 80%, oxygène 19%, traces de CO2… Totalement respirable ! On peut y aller, Don ! »

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    Suite du chapitre 14


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