•   Le petit vaisseau descendit doucement et se posa sur la piste indiquée.

      Les quatre passagers quittèrent le cockpit de l’appareil. Ils firent quelques pas à l’extérieur et regardèrent dans la direction des constructions. Ils hésitaient sur la conduite à tenir lorsqu’enfin des silhouettes firent leur apparition.

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       Trois humains s’approchèrent d’eux, manifestement méfiants. Deux hommes et une femme s’inclinèrent à quatre reprises, en regardant tour à tour chacun des quatre ambassadeurs, qui les imitèrent.

    - Bonjour, étrangers ! lança le premier. Comprenez-vous notre langue ?

    - Apparemment elle présente peu de variation avec la nôtre. Bonjour à vous ! répondit Don.

    - Possédez-vous des armes ? demanda la femme.

      Donatien porta la main à sa ceinture et sans geste brusque, il sortit son blaster pour le leur montrer.

    - Oui. Mais nous ne venons pas pour nous battre. Elles ne sont là que pour nous défendre. Souhaitez-vous les prendre ?

      Le troisième homme s’approcha et observa l’objet.

    - Gardez-les, mais sachez, que lorsque vous serez en présence du Prince ou des autres habitants de la cité, le moindre mouvement que vous ferez vers cette chose provoquera une riposte. Vous serez morts avant d’avoir pu blesser le souverain.

      La menace à peine voilée inquiéta les quatre ambassadeurs. Wendy intervint, inquiète.

    - Nous sommes venus ici en paix, et non pour convoiter un royaume dont nous ignorions jusqu’à l’existence il y a à peine un jour ! dit-elle. Un message nous a été envoyé, de la part du Prince de Lynde. C’est pour nous rendre à cette invitation que nous sommes ici.

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       L’homme dont la peau était presque aussi foncée que celle de Syndël sourit amicalement.

    - Ne prenez pas ombrage de nos paroles, étrangers. Vous devez connaître notre règle fondamentale : aucun être humain ne menace l’un des siens avec une arme sous peine de mort. Et personne n’a jamais été exécuté depuis notre grand retour. Mais venez. Le Prince de Lynde vous attend impatiemment dans sa demeure.

      Ils suivirent leur trois guides derrière le bâtiment, qui leur révéla un étrange tube de verre qui semblait s’enfoncer dans la forêt. Un escalier roulant silencieux les amena auprès du tube dans lequel un véhicule aux parois transparentes semblait les attendre.

    - Montez !

      Ils s’installèrent sur les banquettes de velours sombre et leurs guides prirent place auprès d’eux.

      Dès que le dernier fut assis, la navette se mit en mouvement, sans faire le moindre bruit, glissant à grande vitesse à l’intérieur du tube. Fascinée, Johanne regardait défiler devant elle la végétation luxuriante de la forêt. Wendy, curieuse commença à interroger les trois Terriens.

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    - Excusez-moi ? D’après les coordonnées que nous avons, nous devrions nous trouver en plein au milieu du Proche Orient… N’était-ce pas désertique ?

    - Si, mais il y a de cela des millions d’années ! Cela date d’avant le retour en arrière.

    - Le retour en arrière ? s’étonna Jean-Loup. De quoi s’agit-il ?

    - Une régression terrible provoquée par la folie des hommes. Cela s’est produit après le départ pour le cosmos de tous les gens volontaires pour quitter la Terre menacée de surpopulation. Mais le Prince vous en parlera sans doute mieux que moi. Ah ! Nous arrivons.

      En effet, la navette venait de s’immobiliser dans le tube transparent, et une porte coulissa. Suivant leurs guides, ils rejoignirent la terre ferme grâce à un ascenseur magnétique et ce qu’ils virent les étonna profondément.

    - Mon Dieu ! souffla Wendy.

      Ils se trouvaient dans une ville construite à l’intérieur même de la forêt tropicale. De grosses sphères transparentes semblaient greffées sur les troncs de certains des arbres gigantesques. Aucun véhicule n’apparaissait. Les gens semblaient ne se déplacer qu’à pied. La cité semblait en parfaite osmose avec la nature.

    - C'est ici ! Le Prince vous attend là-haut. Au revoir!

      Ils les invitèrent à entrer dans un ascenseur de verre accolé à un des arbres pour rejoindre une des grandes sphères. Le Prince vint les accueillir chaleureusement à leur arrivée.

    - Enfin vous voilà ! lança-t-il avec un grand sourire. Je vous attendais avec tant d’impatience !

      C’est un homme à la peau brune, presque aussi grand que Donatien. Ses yeux verts scintillaient de joie sincère et trahissaient sa jeunesse. Il s’inclina courtoisement devant les deux femmes.

    - Je suis Argail Daven, prince de Lynde pour encore un an et demi.

      Donatien prit l’initiative de présenter ses amis.

    - Nous sommes enchantés de vous rencontrer, Prince de Lynde. Voici Jean-Loup, Wendy et Johanne Montjoie. Je suis le commandant Donatien Genery.

    - Je vous en prie, appelez-moi Argail. Nous ne faisons pas de cérémonies. Il est inutile d’utiliser un titre pompeux que je perdrais à la fin de mon mandat ! Vous me permettrez d’excuser l’absence de ma femme Arkane qui n'a pas fini sa journée de travail. Elle nous rejoindra dans un moment.

      Ils suivirent leur hôte dans son salon où ils s'installèrent, fascinés par la vue sur la cité forestière.

    - Alors ? D’où venez-vous ? attaqua tout de suite le prince.

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     - D’une galaxie située à cinq millions d’années-lumière… répondit Jean-Loup. Le visage du prince s’éclaira.

    - Vous avez retrouvé le passage de Majan Valinë, alors ! Vous êtes venus seulement quatre ?

    - Non, répondit Johanne. Nous sommes cinquante mais les autres sont restés à bord de notre vaisseau.

    - Et je suppose que vous êtes ici par hasard ? Nous nous sommes souvent demandés pourquoi les Terriens exilés n’avaient plus repris le passage depuis cinq cents ans. Que s’est-il passé ?

    - De grands bouleversements politiques au sein de la galaxie. Après la mort du fils de Majan Valinë, la chute de son empire a entraîné plusieurs siècles de chaos. Les informations ont été perdues.

    - C’est tellement dommage. Je vois que vous n’avez pas réussi à abattre les anciens démons de l’Humanité…

    - Pas vraiment ! murmura Johanne. Notre galaxie est sous l’empire d’une dictature…

    - Et nous faisons partie d’une organisation de résistance, pour essayer d’instaurer une démocratie, ajouta Jean-Loup.

    - Vous êtes des révolutionnaires ! Mais alors, que faites-vous loin de votre combat ?

      Donatien hésita et ce fut Wendy qui prit la parole.

    - Notre mouvement est totalement impuissant face à l’Union. Notre puissance armée est quasiment inexistante. Notre seul espoir réside dans la légende de la Flotte de Majan Valinë. C’est pour cela que nous sommes ici.

    - La flotte de Majan Valinë ? s’étonna Argail.

    - On dit qu’il serait parti pour l’ancienne Terre avec une flotte de vaisseaux de guerre, expliqua Jean-Loup. Une cinquantaine de gigantesques croiseurs interstellaires, semblables à celui qui nous a menés ici. Nous devons les retrouver.

    - Vous êtes venus chercher des vaisseaux de guerre sur la Terre ? Je crains que votre tentative soit vouée à l’échec ! »

      Les visages des quatre visiteurs s’assombrirent.

    - Ne vous méprenez pas ! Personne ne vous mettra de bâtons dans les roues ! Mais vous devez d’abord connaître l’histoire de notre planète. Votre civilisation a été créée par tous ces humains, qui voyant que la Terre était trop peuplée, ont accepté de confier leur vie à des scientifiques, dans l’espoir de trouver une planète viable. Dix vaisseaux partirent, emportant un milliard d’êtres humains volontaires de tous les continents. Ceux qui sont restés ont dû faire face à de nombreux problèmes : pollution extrême, conflits incessants entre les nations, famines qui en découlent…Ce qui devait arriver arriva : les armes terribles que les hommes avaient fabriquées causèrent leur perte. Plusieurs bombes extrêmement puissantes explosèrent en différents points de la planète, détruisant quasiment toute la vie sur Terre. Vous ne pourriez même pas imaginer leur fonctionnement. Cela s’est passé au vingt-deuxième siècle selon la datation utilisée alors. Une centaine d’années après le départ de vos ancêtres.

    - Mon Dieu ! s’exclama Wendy. Mais, comment…

    - Comment reste-t-il encore des hommes ? Parce des gens sensés avaient prédits cette issue inexorable, il y eut des survivants. Des scientifiques avaient créé une base sur la Lune, à l’abri de toutes les armes imaginées par leurs confrères ou même eux. Ils y avaient installé une gigantesque base de données, mémoire de l’Humanité et une sorte d’arche de Noé, pour sauver aussi al biodiversité. Ce travail accompli depuis des années, et complété au fur et à mesure, ils décidèrent ensuite de sauver des hommes. Ceux qui les ont crus ont été mis en léthargie magnétique, système que vous devez sans doute connaître, dans cette gigantesque base située sur la face cachée de la Lune. Lors du grand cataclysme, environ cent cinquante mille êtres humains étaient en sécurité dans le “réservoir de vie”, comme on l’appelait. Des capteurs placés à l’extérieur devaient réveiller un petit groupe de ces survivants, lorsque la Terre serait redevenue viable.

    - Et ensuite ?

    - Ensuite, cinq millions d’années s’écoulèrent, avant que l’ordinateur ne prenne la décision de réveiller les hommes. Il y a en fait cinq cent cinquante ans de cela.

    - Dans quel état avez-vous retrouvé la Terre ?

    - Dans un bien meilleur état que celui dans lequel nous l’avions laissé. Car les bombes dont je vous ai parlé ne provoquent pas vraiment de dégâts matériels. Elles ne s’attaquent qu’aux formes de vie. Toute molécule vivante est simplement anéantie par leur rayon. Nous avons donc trouvé la Terre revenue à l’état sauvage. Toutes les traces de peuplement humain avaient été touchées. Il ne restait plus que des végétaux et des animaux qui avaient évolué. La seule trace qui restait des anciennes civilisations, c’était quelques fondations de la grande muraille de Chine. D’ailleurs la tectonique des plaques avait fait son œuvre : l’Australie avait presque rejoint le continent asiatique, faisant disparaître au passage l’Indonésie, certaines îles du Pacifique avaient sombré, d’autres archipels s’étaient créés, l’océan Atlantique était deux fois plus grand qu’auparavant… Une période glaciaire était passée par là.Les déserts étaient devenus tempérés.

    - Et l’homme s’est réimplanté à la surface.

    - Pas sans difficulté, mais sans conflit. Les survivants ont fondé d’abord une, puis deux, puis plusieurs petites villes ici, en Afrique, puis peu à peu, toutes les régions tempérées du globe ont été repeuplées. Un seul précepte a présidé la réinstallation : jamais plus une guerre ne devait se déclencher.Nous avons fait en sorte que cela ne soit plus possible. La taille des groupements de population est limitée. Il n’y a pas de chef, moi je ne suis prince, que parce que j’ai été choisi il y a six mois.Dans un an et demi, je rendrai mon titre et mon autorité.Quelqu’un d’autre prendra ma place.

    - Vous votez ?

    - Non. C’est un choix aléatoire parmi la population de la ville. N’importe qui âgé de plus de seize ans peut être choisi. Mais personne ne peut être réélu. Il y a un prince par cité. Vous avez sans doute compris qu’ici vous êtes dans la cité de Lynde. Plusieurs fois par an, les princes se réunissent, pour gérer les problèmes pratiques uniquement. Actuellement la population de la Terre est organisée en trente cités réparties sur la planète. Lynde était la première.

    - Mais qui gère les armées ?

      Argail sourit.

    - Sur Terre, il n’y a plus d’armée. Plus de bombes, de mines et autres joyeusetés dont l’existence est prouvée par les vidéos que contient la Grande Bibliothèque de la Terre. C’est pourquoi je vous affirmais que personne parmi nous ne pourrait vous aider dans cette quête.

    - Vous avez détruit toutes les armes ?

    - Nous en gardons le contrôle. Nous utilisons des paralyseurs magnétiques pour nous défendre d’attaques animales dans les espaces naturels. Pour repousser les animaux de nos villes, nous préférons user d’un champ répulsif. Les humains y sont rendus insensibles par le port d’un petit appareil qui permet de franchir les frontières de la cité.

      Johanne était fascinée par la forme de civilisation mise en place. Mais Don ramena la conversation sur leur préoccupation première.

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    - Savez-vous si la Flotte de Majan Valinë a été découverte, puis détruite ?

    - Non. Je puis vous assurer qu’elle n’a pas été détruite. Mais seulement parce que personne n’en connaissait l’existence.

    - Vous n’avez donc jamais entendu parler de cette Flotte ? répéta-t-il, atterré.

      Le prince secoua la tête, navré de la déception de son visiteur.

    - Je suis désolé.

      Johanne ferma les yeux, essayant de rassembler ses esprits. Une idée soudaine la fit sursauter.

    - Argail ? Pourriez-vous me rappeler depuis combien de temps les hommes sont revenus à la surface de la Terre ?

    - Exactement cinq cent cinquante-trois ans, huit mois, deux jours ! rétorqua-t-il.

      Wendy sourit en comprenant où sa fille voulait en venir.

    - Et Valinë ? Quand a-t-il trouvé le passage ?

      Les trois hommes échangèrent un regard surpris.

    - Cinq cent deux ans.

      Johanne et sa mère sourirent.

    - Je ne comprends pas! bougonna Jean-Loup. Vous trouvez ça drôle ?

      Johanne ignora l’interruption.

    - Argail, quelles parties de la Terre étaient colonisées lorsqu’il a débarqué ?

      Le visage du prince s’illumina.

    - Vous avez tout à fait raison, Johanne ! Seules les cités de Lynde, de Jerimadeth et d’Apia étaient construites… Nous n’occupions encore que le nord de l’Afrique !

      Donatien sursauta.

    - Mais alors, il est tout à fait possible que Majan Valinë ait dissimulé sa Flotte sur la planète, à l’insu de ses habitants !

      Argail hocha la tête.

    - Il faut absolument aller chercher immédiatement ! s’exclama Jean-Loup. Nous avons les coordonnées !

      Le prince leva les bras pour tempérer l’ardeur des deux hommes.

    - Avant, il vous faut obtenir un laissez-passer, pour que vous puissiez vous déplacer où vous le souhaiterez… Oh ! Mes amis, laissez-moi vous présenter Arkane, la lumière de ma vie !

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      Ils se levèrent tous pour saluer la jeune femme qui venait d’entrer. Ses cheveux blonds semblaient étinceler comme de l’or et sa robe légère soulignait la finesse de son corps. Jean-Loup et Don s’inclinèrent comme l’avait fait le prince devant Wendy et Johanne à leur arrivée, mais sans façon elle posa sur la joue de chacun un baiser sonore.

    - Je suis tellement contente que le passage ait enfin été rouvert ! s’exclama-t-elle. Je vous en prie, suivez-moi. Dès qu’Argail m’a prévenue, j’ai fait préparer un repas !

      Ils suivirent la jeune femme dans la pièce attenante et s’assirent autour de la table.

      Pendant que des mets inconnus mais délicieux étaient servis par un droïd, Arkane anima la conversation. Tout ce qui avait trait à leur civilisation lointaine la passionnait et elle posait questions sur questions. Pourtant, son regard observait attentivement tous les convives. Elle n’eut aucune difficulté à découvrir le malaise qui couvait entre deux de leurs invités.

      Johanne était aussi enthousiaste que leur hôtesse. L’idée de découvrir la fameuse bibliothèque, où toutes les connaissances de l’ancienne humanité avaient été conservées faisait briller ses yeux d’envie.

    - Je peux vous la faire visiter demain matin ! proposa Arkane. Restez donc avec nous cette nuit. J’avais réservé un box pour la matinée. Je vous montrerai tout !

    - Je reste bien volontiers ! s’exclama la jeune femme.

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    - Pas question ! trancha Donatien, d’un ton sec. Nous devons rejoindre notre vaisseau pour mettre au point l’expédition.

      Johanne tourna vers lui son regard orageux. Jean-Loup se hâta de prendre la parole avant que la dispute n’éclate.

    - Johanne a rempli sa tâche en ce qui concerne la Flotte, Don ! Elle a permis de la situer. Son aide ne nous est plus indispensable maintenant.

      Arkane et le prince observaient le commandant Genery avec étonnement et celui-ci céda.

    - C’est d’accord. Tu peux rester.

    - Comme c’est grand de ta part ! ironisa-t-elle.

      Wendy relança la conversation sur un autre sujet et l’escarmouche n’eut pas de suite.

      Lorsque ses parents furent partis en compagnie de Don et du prince qui avait tenu à les raccompagner, Johanne suivit son hôtesse dans sa chambre.

    - Comme c’est beau ! C’est féerique ! s’exclama-t-elle en s’approchant de la grande baie vitrée. La vue de la ville dans la forêt était un spectacle étonnant. Les maisons éclairées semblaient des décorations étincelantes dans des sapins de Noël.

    - Vous n’avez pas ça chez vous ? s’enquit Arkane.

    - Sur certaines planètes, il y a des forêts, mais les villes sont construites sur le sol, et au détriment des arbres. Il existe même une planète qui n’est qu’une seule et unique ville. Un gros bloc de béton…

    - Je vois… Nos ancêtres ont emmené avec eux leur non respect de la nature…

    - A mon grand regret, je vous assure !

      Arkane lui sourit.

    - Sinon tout est-il à votre convenance ?

    - Sans aucun doute ! s’exclama-t-elle. Ces derniers mois, j’ai rarement eu droit à un tel confort ! Il y a même un certain temps que je n’ai pas dormi sur le sol d’une planète !

    - Tant mieux ! Bonne nuit !

      La terrienne interrompit brusquement son mouvement de départ. Elle semblait gênée.

    - Johanne, je voudrai vous poser une question, sans doute indiscrète. Cela concerne le chef de votre expédition. Pourquoi ne voulait-il pas que vous restiez ?

      Johanne baissa les yeux, hésita et se décida à répondre.

    - Rassurez-vous, Arkane, ce n’est pas votre offre qui en est cause ! C’est une querelle entre nous… Et… Oh ! Après tout, je ne vois pas pourquoi je vous le cacherai ! Nous étions amants, mais j’ai pris des décisions contraires aux siennes concernant notre lutte. Sa réaction a été démesurée… Nous nous sommes fâchés. Enfin…

      Arkane sourit en regardant la jeune femme.

    - Querelle d’amoureux ? Cela va sans doute s’arranger ?

    - Je ne pense pas. »

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     Chapitre 15


     

     Salut tout le monde!

     

    Je ne suis pas morte, toujours pas! Mais je suis un peu tombée dans la marmite sims 3, et j'ai délaissé ma petite histoire... Mille excuses pour ce retard. J'espère que ce chapitre 14 vous aura plu.

    Merci beaucoup pour vos petits commentaires, ça fait toujours super plaisir, alors n'hésitez pas à me laisser un petit mot.

    Bises à tous!

    Koe

     

     

     


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  •   Au matin, lorsqu’Arkane pénétra dans la chambre pour réveiller son invitée, elle sursauta. La jeune fille semblait protéger son visage de ses bras et des appels murmurés franchissaient ses lèvres : « Donatien ! Je vous en prie ! Aidez-moi ! Venez à mon secours ! »

      Arkane désopacifia les vitres et le soleil qui pénétra à flot dans la pièce réveilla Johanne.- Bonjour, Arkane !

    - Bonjour ! On dirait que vous faisiez un cauchemar ! »

      Johanne la regarda, l’air étonné.

    - Un cauchemar ? Je ne comprends pas ?

    - Lorsque je suis entrée, vous appeliez au secours !

      La jeune fille secoua la tête.

    - Bah ! Ça ne devait pas être si terrible, puisque je ne m’en souviens plus !

    - Vous venez ? Après le petit déjeuner, je vous emmène à la bibliothèque. Mais, pour ne pas vous faire remarquer, je vous ai apporté des vêtements d’ici. Nous avons la même taille, ils devraient vous aller parfaitement !

      Lorsqu’elle se fut changée, Johanne rejoignit ses hôtes dans la salle à manger où Argail la salua chaleureusement.

    - Tout va bien pour les habits ? s’enquit Arkane.

    - Oui. Je dois avouer que je me sens mieux ainsi ! Je serai bien incapable de vous dire depuis quand je ne m’étais pas préoccupée de ma toilette ! Cela fait plaisir de se sentir un peu féminine ! »

      La journée tout entière fut pour Johanne un enchantement. Elles firent à pied le trajet jusqu’à la bibliothèque. Johanne emplit ses sens de tous les parfums de la forêt, de toutes les couleurs.

    « Vous vivez dans le jardin d’Eden ! » soupira-t-elle. « Même la plus verte de nos planètes ne peut approcher une telle beauté ! Je comprends maintenant cette nostalgie de notre planète natale qui perdure au cœur de chacun d’entre nous, bien que notre exode date de plusieurs millions d’années ! »

      Arkane sourit.

    - Pourtant, vous ne pouvez imaginez à quel point votre galaxie me donne envie de la visiter !

    - C’est le goût de l’aventure ! plaisanta Johanne.

    - Regardez ! Voilà la bibliothèque ! C’est le joyau de notre cité !

      La jeune femme leva les yeux vers l’énorme pyramide à base carrée transparente qui s’élevait entre les arbres.

    - Whoah ! Elle est gigantesque ! Ce n’est pas du verre ?

    - Certainement pas ! Ce serait trop fragile, à la merci du moindre choc ! Or ce qu’elle contient est inestimable ! L’armature est en titane, et la surface en diamant.

      Johanne s’étrangla et regarda son guide comme si elle était devenue folle.

    - Du diamant ? Vous vous moquez de moi !

    - Non, c’est du diamant synthétique ! Toute la dureté, le brillant et la transparence sont conservés. En fait, aucune des richesses de l’ancienne civilisation de la terre n’a de valeur maintenant, si ce n’est une valeur esthétique. Dans chacune des cités de la planète se trouve une bibliothèque aussi magnifique. Toutes contiennent une copie de la gigantesque base de données qui conserve tous nos souvenirs de l’ancienne civilisation, en plus de ceux de la nouvelle… Mais venez ! Nous n’avons que deux heures pour consulter les fichiers numérisés. Ne gaspillons pas ce temps, il sera temps ensuite de visiter le bâtiment, et ce qui est en accès libre.

      Assez excitée, Johanne suivit la femme d’Argail dans le long labyrinthe de couloirs et entra avec elle dans une petite pièce éclairée. Il y avait un écran et un pupitre avec deux chaises.

    - Asseyez-vous ! La plupart des documents que nous possédons concernent les trois siècles qui ont précédé la catastrophe. En fait ce sont les siècles où les technologies de l’audiovisuel et de l’information se sont fortement développées. Vous avez une préférence ? Tout est classé par thème : documentaires géographiques, scientifiques, archives journalistiques, arts divers, et même toutes les fictions…

    - J’aimerai voir la Terre avant les catastrophes qui nous ont poussés à l’exil…

    - Très facile. Un document synthétique a été créé, pour les “touristes” qui veulent visiter la Terre du passé. Mettez le casque et regardez ! Les archives datent des vingtième et vingt-et-unième siècles.

      Johanne écarquilla les yeux lorsque les premières images apparurent. Une heure plus tard, lorsque le film cessa, elle tourna vers Arkane un regard émerveillé.

    - C’était fabuleux.

    - En effet. Les dernières images que nous avons de la planète n’étaient pas aussi mirifiques. Dès la fin du vingt-et-unième siècle, les guerres avaient déjà saccagé la plupart de ces monuments.

    - Quel dommage !

    - C’est pourquoi les survivants qui se sont réveillé cinq millions d’années plus tard ont instauré une nouvelle civilisation où la violence était rejetée. Mais nous ne sommes pas sans défense pour autant. Si quelqu’un nous attaque, nous sommes en mesure de riposter. En fait, aucune arme n’est pour l’instant capable d’anéantir le bouclier magnétique qui protège chacune des villes de la planète. Je vais vous montrer autre chose qui me touche toujours beaucoup. C’est un montage de chansons des vingtième et vingt-et-unième siècles. Écoutez donc. Des voix qui nous arrivent après deux millions d’années et des poussières…

      Les yeux fermés, Johanne se laissa envoûter par ces mélodies les unes violentes et belliqueuses, les autres tendres, d’autres mélancoliques ou endiablées… Une sonnerie stridente retentit soudain et Arkane posa rageusement son casque sur la table d’écoute.

    - Oh ! Ce bruit horrible ! Notre temps est terminé, Johanne. Il nous faut laisser la place aux autres !

      Rêveuse, la jeune femme suivie son amie et salua courtoisement ceux qui leur succédaient.

    - C’est très impressionnant ! murmura-t-elle.

    - Que voulez-vous faire, maintenant ?

      Johanne ouvrit de grands yeux.

    - Mais, je ne voudrais pas vous déranger ! Vous devez avoir du travail ?

      Arkane sourit.

    - Rassurez-vous. Mon travail est de classer et de faciliter l’accès à tous les documents que contient la bibliothèque. Pour l’instant moins du quart de cette mine de renseignements a été déchiffré ! Mais je ne travaille que quatre jours par semaine. Allons visiter la cité de Lynde. Oh ! J’ai failli oublier ! Ce soir, Argail a invité les princes de toutes les cités de la Terre, pour accueillir votre équipe et délibérer de votre problème. On va  vous trouver une jolie robe !

    - Mais, comment vous remercier…

    - Ne vous inquiétez pas ! J’ai un très bon moyen. Vous allez me raconter tout ce que vous savez de l’histoire de votre civilisation. Pour la bibliothèque ! D’accord ?

    - D’accord !

    Suite du chapitre 15


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  •   Tout le monde dormait à bord du Dragon, mais Donatien ne parvenait pas à trouver le sommeil. Il finit par se lever et rejoignit la grande baie vitrée par où il pouvait voir la Terre. Il crispa les poings, partagé entre un chagrin profond et une colère furieuse. Il ne devait plus penser à elle ! Elle lui avait bien fait comprendre qu’il n’avait aucun espoir de la faire changer d’avis. Alors, à quoi cela servait-il de se morfondre ? A travers la galaxie, il y avait des millions et des millions de femmes ! Il n’aurait sans doute qu’à choisir ! Pourquoi donc se mettait-il dans un tel état ?

    - Don ! Tu ne dors pas ?

      Il se retourna même pas, et Camille vint s’asseoir auprès de lui.

    - Jean-Loup et Wendy ont de nouveau vérifié les coordonnées de la Flotte. Elle doit être cachée aux alentours du pôle Sud.

    - Ah ! C’est bien ! Il faudra le dire à Argail. Il m’a confié que demain soir je rencontrerai le grand conseil, lors d’un banquet. Sans leur accord, nous sommes pieds et poings liés. Tu viendras avec moi pour négocier. Je suis piètre diplomate en ce moment.

    - Mais Jean-Loup et Wendy ?

    - Il m’a dit qu’ils seront trente princes et leurs consorts. Nous irons à six : Meg Tsaryn, Jean-Loup et Wendy, Syndël, toi et moi.

    - Et Johanne ?

    - Elle y est déjà ! Il m’a dit que nous pouvions venir autant que nous le souhaitons, mais je préfère limiter…

    - Tu as raison. As-tu enfin révélé à Johanne ce que tu as appris sur… sur ta famille ?

      Donatien crispa les poings.

    - Ne me parle pas d’elle, s’il te plaît ! Je suis suffisamment de mauvaise humeur comme ça !

    - Si elle savait pourquoi tu étais tellement hors de toi ce soir-là, elle serait moins intransigeante ! Elle te pardonnerait !

    - Si elle m’aimait vraiment, elle serait moins intransigeante ! corrigea Donatien, amer. Elle chercherait à comprendre !

      Camille secoua la tête, exaspéré.

    - Il est vrai que toi, tu la comprends tellement bien ! Tu es un petit saint ! Tu fais vraiment tout pour aplanir les choses et lui laisser toute la liberté à laquelle elle aspire ! Elle ne risque pas de se sentir prisonnière !

    - Camille, malgré toute l’amitié que je te porte, si tu ne te tais pas immédiatement, je te casse la figure !

      Camille réprima un petit rire et se leva.

    - Ça va, ça va ! Je me tais ! D’ailleurs, je vais retourner me coucher.

    Suite du chapitre 15


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  • - Alors Arkane ? Qu’en pensez-vous ?

      Johanne tourbillonna sur elle-même, et la longue robe fluide en voile vert ondula autour d’elle.

    - Cette robe vous va à merveille, ma chère. Vous feriez une terrienne parfaite ! Sauf que vous avez mis la ceinture à l’envers ! Attendez, je vais l’attacher comme il faut !

      La jeune femme s’assit sur le lit pour boucler les sandales à lanières blanches tressées prêtées par son hôtesse.

    - Ça y est, je suis prête !

      Le prince Argail fit irruption dans la pièce.

    - Johanne, vous êtes ravissante ! Si mon cœur n’était déjà captif, je vous l’offrirais ! Arkane, me laisseras-tu t’aider à mettre ton collier ?

      La terrienne laissa échapper un petit rire lorsque son mari l’embrassa dans le cou.

    « Argail ! Sois sage ! »

      Avec un pincement au cœur, Johanne détourna les yeux du couple si uni. Pourquoi ne pouvait-elle avoir cette chance ? « Parce que tu es incapable de pardonner ! » chuchota une petite voix dans sa tête. « Parce que ton orgueil refuse de comprendre ce à quoi ton cœur aspire ! »

      Elle secoua la tête et replongea dans le souvenir des derniers jours précédant leur départ. Durant les trois premiers jours, Donatien avait tenté de s’expliquer, puis soudain son comportement avait totalement changé. Il l’évitait, lui parlait sèchement lorsqu’il y était obligé. Et hier ! Il y avait tant de colère dans sa voix lorsqu’il avait voulu lui interdire de rester ! A tel point qu’elle avait été surprise de voir qu’il changeait si vite d’avis.

    - Johanne ? Nous devons y aller ! Vos amis sont arrivés !

      Elle rougit en voyant Arkane l’observer avec attention. Elle suivit Argail et sa femme dans le salon où la délégation extra-terrienne était déjà assise. Donatien fut le premier à la voir entrer. Il se força à rester impassible. Il n’avait aucun intérêt à montrer ce qu’il ressentait. S’il voulait être en possession de tous ses moyens, il devait absolument l’oublier en tant que femme… Elle n’était qu’un membre de la délégation parmi les autres… Facile à dire, avec cette robe fluide si légère… Elle était encore plus désirable dans cette tenue exotique…

      Syndël, elle, réagit avec enthousiasme.

    - Ma Jo ! Tu es magnifique !

    - Merci, Syndël. Arkane, je vous présente Syndël Myryan.

      Lorsque toutes les présentations furent terminées, Argail donna le signal du départ. Ils prirent tous place à bord d’un petit aéroglisseur qui les conduisit derrière la pyramide de la bibliothèque. Là, au milieu d’une grande clairière, une immense table ronde était dressée. Tous les invités arrivèrent en même temps.

      Donatien chassa de son esprit l’image de Johanne, concentrant toute sa volonté sur la diplomatie. Lorsque le délicieux repas fut terminé, Argail exposa lui-même les raisons de la présence des étrangers et des murmures affolés se firent entendre.

    - Des armes d’une telle puissance, sur la Terre ! Il faut les détruire ! s’exclama le prince de la cité de Moldau, au centre de ce qui était avant l’Europe. La sécurité de la planète est menacée.

    - Je ne pense pas, Kyril ! Donatien et son équipe sont venus ici pour l’emmener.

    - Nous en avons besoin ! insista Meg Tsaryn. Sinon, jamais nous ne pourrons instaurer la démocratie dont nous rêvons !

    - Des guerres ! Voilà ce que vous voulez faire ! répéta Anita, princesse de Jade. Lorsque vous serez en possession de ces armes, il vous sera facile de vouloir vous emparer de notre planète !

    - Cela, nous ne le voulons pas ! répéta Wendy. Vous vivez tous libres et en paix. Depuis cinq cents ans, notre galaxie n’a jamais connu la paix ni la liberté, si ce n’est une paix imposée par des soldats au service d’un unique pouvoir central, paix dont le but était d’assurer la main mise sur toutes les richesses, et tous les avantages à quelques élites… Nous aspirons à établir un système plus égalitaire dans notre galaxie…

    - Ce sont de beaux discours ! coupa la princesse d’Apia. Mais les gens qui ont offert à l’Humanité cinq millions d’années de sommeil et un quasi anéantissement en tenaient de semblables, si on en croit certaines archives !

      Arkane soupira. Elle comprenait ses compatriotes même si elle voulait faire confiance aux étrangers.

    - Nous n’étions même pas là ! plaida Jean-Loup. Nos ancêtres étaient partis !

    - Mais qui avait accepté de partir à l’époque ? coupa Kyril. La plupart des émigrants étaient des criminels, des hors-la-loi, des illuminés ! Comment vous faire confiance ?

    - Et qui est resté ? rétorqua Camille, furieux. Ceux qui n’ont pas eu le courage de partir ! Ceux qui ont failli détruire la Terre !

    - Ça suffit ! cria Johanne. Arrêtez !

      Elle ferma les yeux et respira un grand coup avant de reprendre la parole.

    - Je vous propose une solution, qui pourra satisfaire tout le monde. Pour garantir la sécurité de la planète, pendant que mes amis récupèrent la Flotte de Majan Valinë, vous pourriez me garder en otage.

    - Non ! crièrent en même temps Donatien, Syndël, Camille, Wendy et Jean-Loup.

      Tout le monde se tut. Johanne était le point de mire de tous les regards. Elle soutint celui, horrifié, de sa mère.

    - C’est pourtant la solution qui me paraît la seule sensée. La moindre tentative belliqueuse de notre part envers la Terre provoquerait ma mise à mort. Clair, net et précis.

      Il y eut un silence de mort.

    - J’approuve ! lança brusquement Kyril de Moldau. La réaction de vos compagnons prouve qu’ils semblent tenir à vous.

    - Moi aussi ! rétorqua Anita. Certains princes acquiescèrent, les autres hésitaient tant le procédé était contraire à leur mode de vie et de pensée.

      Argail hésita tandis que Donatien foudroyait Johanne du regard. Cette petite imbécile ne lui épargnerait donc rien ! fulmina-t-il intérieurement. Mais il comprenait que la jeune femme avait sans doute trouvé le seul moyen de faire avancer les choses. Il ne put s’empêcher de poser une question de principe.

    - Mais qui nous dit que vous n’allez pas lui faire de mal ? Nous ne vous connaissons pas plus que vous ne nous connaissez !

    - Sur la Terre, aucun être humain n’a été volontairement tué ou même blessé par un autre depuis le réveil de l’Humanité. fit Argail d’une voix douce. Commettre un tel meurtre serait pour nous une catastrophe terrible, la fin de notre civilisation. Johanne ne risque rien avec nous, je vous assure !

    - Et puis c’est mon choix, Don ! trancha Johanne d’un ton catégorique. J’ai pris ma décision seule et librement ! Tu n’as pas le droit de la contester !

      Donatien faillit rétorquer vertement, mais les paroles de Camille la nuit précédente résonnèrent dans sa tête. Et en plus, il savait qu’elle avait raison. Il hocha gravement la tête.

    - Si cette proposition agrée à tous, et si c’est le seul moyen pour nous permettre de récupérer les vaisseaux, je m’incline. Sachez simplement que la seule preuve de l’existence de cette flotte tient dans un document datant de la venue de Majan Valinë sur votre planète. Nous n’avons aucune certitude quant à son existence. Si ce n'était qu'une chimère, nous voudrions rentrer au plus vite dans notre galaxie pour y continuer la lutte. Nous n’avons pas de temps à perdre. Il reste juste un point à régler. A quelle condition tiendrez-vous Johanne quitte de son engagement ?

    - C’est une question importante, en effet ! s’exclama Kyril.

    - Moi, je sais ! intervint Johanne. Lorsque la guerre sera terminée, on ramènera un de ces vaisseaux, pour que vous puissiez voir si leurs armes peuvent menacer vos boucliers. Et trouver une parade le cas échéant. Alors, vous me laisserez partir.

    - Vous êtes très sensée, Johanne ! sourit le prince de Jerimadeth. Je pense que c’est le mieux pour tout le monde… Sauf peut-être pour vous, Johanne !

    - Peut-être, mais j’ai pris ma décision. Je suis archéotech', pas combattante. Je ne peux être d’aucune utilité dans une guerre armée. Tandis que de cette manière, je permets d’augmenter les chances de mon camp.

      La jeune femme poussa un petit soupir de soulagement lorsque Argail se leva.

    - Que ceux qui sont d’accord pour laisser les étrangers accomplir leur mission, aux conditions précédemment définie par Johanne, lèvent la main ! Arkane, lève la main pour moi.

      Il fit le tour de la table et compta. Trente mains étaient dressées.

    - Unanimité. conclut-il. Johanne restera avec nous pendant vos recherches et si celles-ci sont fructueuses, elle deviendra notre otage. Dès ce soir, si vous le souhaitez, vous avez accès à tout le territoire terrestre. Cependant, n’abîmez aucune des structures construites par nos soins. Certaines sont vitales. Dans le doute, vous ferez appel à ceux d’entre nous qui sont les plus proches. Savez-vous où chercher ?

    - A proximité du pôle Sud. répondit Jean-Loup.

    - Il n’y a pas de cité, là-bas. Quand voulez-vous partir ?

    - Le plus tôt possible. avoua Camille. Il va nous falloir encore quatre mois pour regagner notre galaxie. Dès que nous serons sûrs que la Flotte est en état de marche, nous partirons pour chez nous.

    - Alors, puisque le repas est terminé, je propose de lever la séance. Vous pouvez partir. Nous vous disons adieu, et nous vous souhaitons bonne chance.

    - Où restera Johanne ? s’enquit Anita.

    - Pour l’instant, chez nous ! répondit Arkane. A moins que cela ne convienne pas à quelqu’un ?

    - C’est très bien.

      Wendy serra sa fille contre elle. La perdre alors qu'elle venait à peine de la retrouver lui faisait horreur.

    - Je suis fière de toi, Johanne. murmura-t-elle. Mais es-tu sûre…

    - Tout à fait sûre, maman. Partez vite, retrouvez la Flotte, et réussissez la révolution !

      Elle embrassa son père, son frère et Syndël. Donatien échangea quelques mots en privé avec Argail avant de s’approcher de la jeune femme.

    - Johanne… Es-tu vraiment sûre de vouloir te sacrifier ainsi ? Je resterai à ta place, si…

    - Pas question ! C’est ma décision ! Et puis, c’est toi le commandant indispensable à qui tous doivent obéir avec respect et dévotion !

      À sa grande surprise, il ne releva pas le sarcasme. Paradoxalement son regard s’adoucit.

    - Je respecte ce choix, même si je ne l’approuve pas. Tu as trop de courage, Johanne ! A moins que ce ne soit de l’inconscience… Prends bien soin de toi. Si nous trouvons la Flotte, je reviendrai te chercher, je te le jure. Quoi qu’il se passe, je ferai tout pour que ton exil ne dure pas plus d’un an !

      Troublée par l’inquiétude qui voilait le regard gris, Johanne baissa la tête.

    - Je te remercie.

    - C’est à moi à te remercier. Tu as débloqué la situation, alors que personne d’entre nous ne savait comment faire. Et… Si nous trouvons la Flotte, et que nous gagnons, ce sera grâce à toi. A bientôt, ma… Johanne.

      Il avança la main, comme pour lui caresser la joue, puis se détourna rapidement. IL rejoignit les autres membres de la délégation qui s’éloigna dans l’aéroglisseur. Johanne suivit le véhicule des yeux avant de se retourner vers Argail, qui discutait avec certains de ses collègues.

    - Johanne, venez, nous allons rentrer. Il se fait tard et vous semblez épuisée.

      La jeune femme hocha la tête, la gorge serrée, et suivit son amie. Elle attendit d’être seule dans son lit pour laisser libre cours à ses larmes. Elle ne comprenait plus ce qui ce passait dans sa tête. Elle aurait dû être encore folle de rage contre lui, soulagée de le voir disparaître au lieu de ressentir cette tristesse aiguë, cette impression de perte !

      Le lendemain matin, Argail et Arkane l’accueillirent d’un air grave.

    - Vous avez reçu de mauvaises nouvelles ? s’enquit-elle, vaguement inquiète.

    - Ça dépend dans quelle optique on se place. rétorqua Argail, gêné.

    - Vos amis ont découvert ce qu’ils cherchaient. expliqua Arkane. Cinquante gigantesques croiseurs interstellaires, chacun d’eux dotés d’un armement très perfectionné, de centaines de petits chasseurs… Une véritable armada…

      Un sourire illumina le visage de Johanne.

    - C’est merveilleux ! On a réussi ! Nous allons pouvoir lutter à armes égales contre l’Union ! Mais… Vous semblez soucieux, Argail !

      Le prince de Lynde poussa un petit soupir.

    - Vous êtes désormais notre otage, Johanne ! Et cette situation me choque ! C’est le retour d’une certaine forme de violence sur la planète, chose que nous nous étions juré de bannir !

      La jeune femme baissa la tête, comprenant le sentiment de son hôte.

    - Je suis vraiment désolée. murmura-t-elle. Mais nous devons, enfin, ils doivent absolument libérer notre galaxie. Justement pour essayer de chasser au maximum la violence chez nous. Et je sais que mon père veillera à ce que jamais la Terre ne soit menacée. Et puis, c’est moi qui ai choisi d’être votre otage ! Vous n’avez rien à vous reprocher ! Cette violence, comme vous dite, vient de nous.

      Arkane sourit gentiment.

    - La situation étant ce qu’elle est, autant nous en accommoder tout de suite. Personnellement, je suis ravie que vous restiez un peu parmi nous, Johanne. Très égoïstement, d’ailleurs, car je compte bien vous faire embaucher avec moi à la bibliothèque et vous faire raconter l’histoire de l’autre partie de l’espèce humaine ! Vous êtes partante ?

    - J’accepte avec plaisir !

    - Et si vous êtes d’accord, on se tutoie ! ajouta Argail. Elle opina de la tête. Au fait, ton ami Donatien Genery est revenu cette nuit.

    - Don est revenu ? s’exclama-t-elle trop fort.

      Argail sourit.

    - Il n’a pas voulu te réveiller. Il voulait t’amener tes affaires avant de repartir pour votre galaxie. Et il nous a demandé de veiller sur toi !

      Johanne reconnut son sac de voyage, près de la porte. Elle retourna dans sa chambre et l’ouvrit à la hâte. Donatien avait posé sur ses affaires le lapin en peluche bleu.

     Chapitre 16


     

    Hello! Désolée pour le long retard, mais j'ai encore eu des soucis d'ordi, sans compter un mois de vacances sans orid ni connexion internet. Comme j'ai changé d'ordinateur, exit les sims 2. Je n'ai pas la foi pour tout réisntaller. Donc je vais finir mon histoire sans les illustrations. Navrée, mais je suis sûre que votre imagination sera tout à fait apte à rajouter vos propres visions de mon univers!

    Bises

     


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  •   Donatien ouvrit les yeux brusquement, réveillé par une sonnerie stridente. Il s’extirpa de sa capsule d’hibernation et réveilla Camille pour qu’il se charge des autres. Pendant ce temps, il se précipita au poste de pilotage et ouvrit le micro. 

    - Dragon ! Au rapport ! Tout le monde est là ?

      Les uns après les autres, les cinquante croiseurs de la Flotte de Majan Valinë répondirent présent.

    - Don ? s’enquit Jean-Loup, as-tu pu joindre Phylia ou Stens ?

      Le jeune homme secoua la tête.

    - Je n’ai pas encore essayé. Je vais le faire.

      Il tapa un code sur le clavier et attendit quelques instants. Un visage apparut sur l’écran, flou, puis l’image se stabilisa.

    - Commandant Fox-Genery au rapport.

    - Donatien ! s’exclama le général Stens. Vous revoilà enfin ! Vous êtes partis depuis plus de huit mois !

    - Que s’est-il passé depuis notre départ ?

      Stens baissa la tête.

    - Phylia a été arrêtée il y a trois semaines. Ils l’ont expédiée sur la planète grise. Nous n’avons rien pu faire.

    - Non ! Pas Phylia !

    - Mais, votre mission ?

      Donatien soupira en songeant qu’il serait temps plus tard de pleurer les disparus.

    - Réussie ! Nous disposons d’une flotte impressionnante. Cinquante croiseurs, muni chacun d’une centaine de chasseurs… Si nous avons l’effectif suffisant, nous pouvons vaincre.

    - Par tous les dieux ! s’exclama le général Stens. La mission s’est déroulée sans problème ?

    - Aucun, sauf que… Johanne est restée là-bas, comme otage.

    - Quoi ? s’étrangla Stens. Mais…

    - Les terriens sont pacifistes, mais lorsque nous avons parlé de la Flotte, ils ont paniqué. Ils craignent que cette force armée menace leur liberté.

    - Vous leur avez bien dit…

    - Bien sûr ! Mais pourquoi m’auraient-ils cru ? Alors Johanne a proposé elle-même cette solution. C’était le seul moyen de ramener la Flotte.

    - Elle a beaucoup de courage.

    - Et beaucoup d’inconscience aussi. Mais j’irai la chercher. Bref ! Réunissez l'état-major ! Il faut préparer une attaque rapide.

    - Je vais faire passer le mot. Soyez au point de rendez-vous spécial dans trois jours.

      Pendant les trois jours d’attente, Donatien resta enfermé dans sa cabine à bord du Dragon. Personne ne put le convaincre d’en sortir. Il émergea lorsque l’arrivée des premiers résistants fut annoncée. Il était très pâle. Un feu froid et dangereux brillait au fond de ses yeux.

    - Réunissez tous les nouveaux arrivants dans la salle de conférence. ordonna-t-il.

      Rapidement, la grande salle fut pleine et de nombreux lieutenants durent rester debout.

      Devant l’assemblée, Donatien fit un compte rendu rapide de leur voyage, inventoriant la Flotte qu’il ramenait. Un silence abasourdi s’installa lorsqu’il eut terminé.

    - Avec une flotte pareille, nous pouvons rivaliser avec l’Union ! s’exclama le général Stens.

    - J’ai beaucoup réfléchi, général Stens. continua Donatien. Je pense que nous devrions d’abord prendre la planète grise pour en faire une base de repli.

    - C’est une idée géniale, Don ! s’exclama Camille. De nombreux résistants y sont prisonniers. Tous les autres ne rêvent sans doute que d’une chose, prendre leur revanche sur l’Union !

      Les grands dirigeants échangèrent un regard. Luigi Lucchese hocha la tête.

    - Vous semblez avoir tout prévu, commandant Fox-Genery. Exposez-nous votre plan !

      Donatien expliqua sa tactique pendant une demi-heure et du coin de l’œil, il voyait Camille et son père hocher la tête, manifestement convaincus.

    - L’opération aura donc lieu, trancha Ralf Stens. Commandant Fox-Genery, commandant Arkab, je vous charge de coordonner l’affaire. Vous prendrez chacun un croiseur. On va recruter un équipage et des pilotes. Vous passerez à l’attaque dès que possible.

    Suite du chapitre 16


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