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      Le long trajet de la mission vers l’emplacement hypothétique de la planète Terre, berceau de l’humanité, devait prendre quatre mois. Pour ne pas imposer un si long séjour dans un espace clos, les cinquante humains qui composaient l’équipage avaient été mis en léthargie magnétique dans des capsules de survie. Toutes les semaines, le chef de l’expédition était réveillé par le pilote automatique du Dragon pour vérifier si tout se passait bien. Au moindre problème, c’était lui qui devait être le premier tiré de sa léthargie. Mais rien d’anormal ne se passa et la plupart du temps, Don se contentait de faire le tour du vaisseau avant de regagner sa capsule d’hibernation. Pourtant, à plusieurs reprises, il ne put s’empêcher de passer de longs moments à observer Johanne à travers sa capsule. Les quelques jours qui avaient précédé le départ avaient été terribles pour lui. Les seuls mots qu’elle avait daignés lui adresser concernaient la mission. Dès qu’il essayait d’aborder un autre sujet, le regard vert devenait presque noir et elle s’éloignait invariablement.

      Enfin, deux cents jours après leur départ, le Dragon de feu ralentit sa course en dépassant les plus grosses planètes du système solaire. Tout l’équipage avait été réveillé et les cinquante membres de l’équipage admiraient la splendeur du spectacle par la grande baie de la salle de contrôle.

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    L’appareil contourna Mars et la petite planète bleue apparut au loin, se rapprochant de plus en plus. Une grande émotion s’empara de tous. La Terre existait toujours ! Ce n’était pas une légende. Tout le monde se mit à s’embrasser et des cris de joie s’élevèrent. Pourtant, Don reprit rapidement ses esprits.

    - Holà ! Calmez-vous ! cria-t-il. Ne crions pas victoire trop vite ! Tout reste encore à faire ! Il nous faut atterrir et voir si nous pouvons retrouver la Flotte. Ceci risque de dépendre de la bonne volonté des habitants de la Terre.

    - Comment allons-nous procéder ? lança Wendy. Je ne pense pas qu’il soit opportun de tous débarquer en même temps !

    - Certes non ! approuva Camille.

    - Dans tous les cas, nous ne serons à portée de la Terre que demain. intervint Jean-Loup.

    - Nous déciderons alors qui débarquera ! conclut Donatien.

      Durant sa nuit artificielle, le Dragon vint se placer en orbite autour de la Terre. Soudain, la voix métallique du pilote automatique s’éleva dans la salle de contrôle. Donatien qui sommeillait sursauta.

    - Commandant Genery ! Je viens de capter un message radio qui nous est adressé.

    - Un message radio ! Attends ! Je préviens Jean-Loup et Camille !

      Réveillés par l’interphone, Jean-Loup et Wendy arrivèrent en courant, suivis par Camille.

    - Que se passe-t-il ?

    - Le Dragon dit qu’il a reçu un message, il y a quelques secondes… Peux-tu nous le passer ?

    - Bien sûr commandant Genery.

      Une voix étrangement chantante s’éleva dans la pièce.

      « Soyez les bienvenus sur la Terre, étrangers, si vous avez des intentions pacifiques ! Voilà fort longtemps que personne n’a utilisé le chemin des étoiles. Nous croyions que ce n’était qu’une légende. Le prince de Lynde serait très heureux de vous rencontrer. Viendrez-vous ? »

    - Bon sang ! Ils parlent la même langue que nous ! s’étonna Wendy.

    - Et manifestement ce prince attend une réponse ! Dragon ? As-tu la fréquence ?

    - Bien sûr, commandant Genery ! Je la mémorise sur votre comlink. Allez-y !

    - Nous sommes très heureux de constater qu’il y a encore des êtres vivants sur cette planète que nous considérions aussi comme une légende. Et nous serions enchantés d’accepter votre invitation. »

      La réponse fut cette fois quasiment immédiate.

    - J’en suis fort ravi ! s’exclama la voix. Je vous donne les coordonnées géographiques de l’endroit où vous pourrez atterrir. À très bientôt, amis venus d’ailleurs ! »

      Ils se regardèrent avec étonnement.

      Camille se décida enfin à parler.

    - À ton avis, combien doivent y aller ?

    - Je ne sais pas trop. On va réunir tout le monde dans la grande salle de conférence.

      Un quart d’heure plus tard, Donatien communiquait la nouvelle à son équipage. Un silence accueillit ses paroles.

    - J’attends donc votre opinion ! répéta Donatien.

    - Si tout le monde débarque, nous risquons d’inquiéter les autochtones. intervint Meg Tsaryn, qui avait une grande habitude de la diplomatie. Je pense qu’il serait bien que seulement un petit groupe rejoigne la Terre. Je propose que ce soit Wendy, Jean-Loup et Johanne. C’est peut-être cynique, mais une famille, c’est rassurant. Et vous, Donatien. Car c’est vous l’autorité. C’est un « prince » qui nous a contactés. Il ne faudrait quand même pas blesser une susceptibilité possible en n’envoyant pas le chef.

      Il hocha la tête.

    - Vous avez raison, Meg. Je pense que c’est la meilleure solution. Si tout se passe bien, vous pourrez tous venir. »

      Donatien confia le commandement du Dragon à Camille et monta à bord d’un petit vaisseau de liaison, où l’attendaient déjà Wendy, Jean-Loup et Johanne. Il poussa un soupir discret en considérant la jeune femme. Elle s’était maquillée avec soin. Si sa combinaison de n’avait rien de festif, elle n’en mettait que plus en valeur le charme de Johanne. Il songea qu’il n’arriverait jamais à l’oublier si elle était si proche de lui.

      En silence, il pilota le vaisseau dans les couches supérieures de l’atmosphère, ralentissant au maximum la vitesse de l’appareil. A vue, il découvrit l’immense plaine circulaire déserte, entourée de forêts épaisses. Quelques bâtiments s’élevaient à la limite de la verdure.

    - Ça doit être là, leur astroport ! souffla-t-il.

    - Nous sommes approximativement au dessus de l’Afrique ! constata Wendy. Non, plutôt vers le Proche Orient… Les contours des côtes de la région ont changé par rapport à nos documents mais cela me semble être la Syrie.

      Un voyant vert s’alluma. Johanne appuya sur le bouton correspondant.

    « Voyageurs inconnus, posez-vous sur la plaine ! »

      La voix était différente de celle du message, plus froide.

    - Avant, nous devons vérifier si votre air est respirable ! rétorqua Jean-Loup

    - Il l’était pour vos prédécesseurs, mais faites vos vérifications, nous vous attendons. »

      Wendy observait les résultats transmis par les capteurs du Dragon.

    « Azote 80%, oxygène 19%, traces de CO2… Totalement respirable ! On peut y aller, Don ! »

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    Suite du chapitre 14


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