• 5-1

    5-1

    Crédits vaisseau: Novaclass starship by jasonduskey sur MTS2

    Les deux jeunes gens rejoignirent le vaisseau de Donatien et repartirent en direction du vaisseau amiral de la révolution qu’ils atteignirent après une nuit et une demi-journée de voyage. Pendant ce temps, ils se parlèrent très peu. Johanne était toujours sous le choc du message de sa mère. Elle commençait à réaliser que tout ce qu’elle savait de Wendy Paresc n’avait rien à voir avec la réalité. Elle se souvenait d’une femme douce et souvent triste, qui voyageait beaucoup pour donner des concerts. Depuis qu’elle était tombée entre les griffes d’Amalric, Johanne découvrait l’autre facette de sa mère : une femme volontaire et déterminée, capable de mettre sa vie en jeu pour ses idéaux. Qui était-elle donc, pour posséder un tel vaisseau, et pour susciter tant d’admiration dans les yeux de personnes comme Kharizmi ou Sham ?

      De son côté, le commandant Sham ne parvenait plus à faire taire en lui la voix de Donatien. Il essayait de s’en défendre, mais il avait de plus en plus de mal à imaginer Johanne en espionne à la solde d’Amalric. Il n’arrivait plus à se méfier d’elle. Il ne se sentait pas le courage de lui avouer que Sham et le Don Fox qu’elle cherchait étaient la même personne que le jeune homme suicidaire qu’elle avait consolé quinze ans auparavant. Surtout en ayant entendu l’aveu qu’il lui avait extirpé lors de son interrogatoire.

      Après avoir donné les codes d’accès, le petit vaisseau du commandant Sham se posa dans les soutes du grand croiseur amiral, où Arkab les accueillit.

    - Sham ! Tu es déjà de retour ?

    - Notre mission s’est accomplie sans anicroche ! Je te présente Johanne Paresc, la fille de Wendy.

      Arkab serra amicalement la main de la jeune femme qui apprécia la poigne franche du résistant.

     

    5-1

     

    - Je suis enchantée de vous rencontrer, commandant Arkab.

    - Moi de même. Alors ? Qu’avez-vous trouvé sur Aïrys ?

    - Johanne a trouvé un message de Wendy, répondit Sham, mais nous sommes plutôt affamés, mon ami.

    - Venez-vous restaurer un peu au mess. Vous me raconterez tout ça après.

      Ils dévorèrent leur repas avant de reprendre la conversation dans un bureau.

    - Alors ? attaqua Arkab. Que ramenez-vous ?

    - Miss Johanne va t’expliquer.

      La jeune femme sursauta, perdue dans ses pensées.

    - Avant de parler de ce que j’ai trouvé sur Aïrys, j’aimerai que vous répondiez à ma question, commandant Arkab, et vous aussi, commandant Sham. Qui est ma mère ?

      Les deux hommes échangèrent un regard stupéfait.

    - Je reformule ma question. Qui était réellement Wendy Paresc ? Car je n’ai souvenir que d’une musicienne mélancolique, morte quand j’avais sept ans. Jusqu’à il y a deux mois, je ne savais rien de plus. Amalric m’a affirmé qu’elle était subversive et dangereuse pour l’Union. Ce que j’ai découvert sur Aïrys me donne à penser qu’elle avait une importance encore plus grande. Alors, messieurs ? Serez-vous assez bons pour m’expliquer quelle femme était ma mère ?

      Sham comprit soudain le désarroi de Johanne. Elle s’était retrouvée plongée dans cet univers de suspicion, et de violence sans y être préparée et il savait, pour l’avoir lui-même vécu à la mort de Moïra, à quel point c’était terrifiant.

    - Je n’ai jamais rencontré Wendy Paresc. fit-il doucement. Mais sa légende est célèbre. Car vous la connaissez en fait sans doute sous son nom de guerre : Altaïr. Elle fait partie du groupe fondateur du conseil de la révolution. Ceux qui les premiers ont pris les armes contre le gouvernement provisoire de Lutham Calv et ses lois iniques. Wendy Paresc comme Moïra Genery qui était connue sous le nom de Véga, est devenue le symbole de la lutte contre l’Union.

    - Vous dites que ma mère était Altaïr… répéta Johanne, sidérée. Je crois que je comprends mieux maintenant.

      Elle resta rêveuse un long moment avant que les deux hommes ne décident de reprendre la conversation.

    - Johanne ? demanda Arkab doucement. Qu’avez-vous trouvé sur Aïrys ?

    - J’ai trouvé un message de ma mère. Elle souhaite que je retrouve trois personnes. Deux d’un point de vue personnel, et la troisième pour nous donner accès à toutes ses découvertes. D’abord, Jean-Loup Montjoie et son fils. Et enfin, Don Fox, le fils de Moïra Genery. Et elle m’a demandé aussi de reprendre son combat. Je ne pense pas être capable de faire tout ce qu’elle faisait, mais j’espère pouvoir apporter mon aide, si vous voulez de moi…

     

    5-1

     

      Les deux hommes échangèrent un coup d’œil. Sham secoua négativement la tête.

    - Pour votre aide, elle est la bienvenue. Nous avons énormément de matériel archeotech' à décrypter. Mais que voulez-vous aux Montjoie père et fils ? s’enquit Arkab.

    - Ce que je dois dire à Jean-Loup et Camille Montjoie est strictement personnel, et ne concerne qu’eux et moi. Par contre, Don Fox possède la moitié de la clé qui permet l’accès aux bases de données de Wendy. Mon tatouage est le complément de cette clé.

    - Je vais essayer de joindre Jean-Loup. fit Arkab.

    - Et Don Fox ! insista Johanne. C'est très important pour décrypter les données de ma mère!

    - Oui, et Fox aussi. Mais vous devriez aller vous reposer, tous les deux ! »

    Suite du chapitre 5


    3 commentaires
  • 5-2

      À son réveil, Johanne trouva un droïd à côté de sa couchette, qui s’activa lorsqu’elle se leva. Elle reconnut le copilote qui était à bord du vaisseau de Sham.

    - Bonjour, Galois ! salua-t-elle en s’étirant consciencieusement comme à son habitude.

    - Bonjour, mademoiselle Johanne. répondit le droïd.  Je vous ai apporté un badge pour que vous puissiez circuler sans être arrêtée sur le vaisseau amiral, les membres de la révolutions sont un tantinet paranoïaques concernant leur sécurité. Les commandants Arkab et Sham vous attendent dans la salle de conférence. Le plus vite possible ! ajouta-t-il, comme la jeune femme retombait en bâillant sur le lit.

      Elle se redressa brusquement et fouilla un moment dans son sac. Comme disait Syndël, sa meilleure amie, quand on est plongée dans les ennuis, se préoccuper de futilités quelques minutes, ça remettait les idées en place. Ce serait bien d'ailleurs de lui donner de ses nouvelles. La dernière fois qu'elle l'avait contactée, c'était juste avant de quitter Rhyway pour la mission archeotech', autrement dit dans une autre vie! Galois saurait sûrement lui fournir une connexion sécurisée...

      Elle finit par choisir un pantalon moulant et une tunique turquoise qu’elle affectionnait particulièrement, derniers cadeaux de sa mère adoptive. Elle s’observa dans le grand miroir en pied et décida de laisser ses cheveux retomber en désordre sur ses épaules. Elle se maquilla avec soin. Tout enfilant ses bottes, elle haussa les épaules en signe de commisération envers elle-même.

    - Ma pauvre Jo ! marmonna-t-elle. “Il” ne remarquera sans doute même pas les efforts que tu fais !

    - Vous dites ? s’étonna le droïd.

    - Des bêtises, Galois ! Alors ? Où suis-je attendue ?

    5-2

      Elle suivit le droïd dans les couloirs gris métallisé du grand croiseur, se sentant à sa grande gêne, observée par tous ceux qu’elle croisait, et pénétra à sa suite dans une grande salle de réunion. Le droïd referma la porte derrière elle et les trois hommes présents se levèrent pour l’accueillir. Arkab et Sham la saluèrent d’un sourire, mais le troisième homme, bien plus âgé, resta silencieux. Il observait la jeune femme avec une émotion qu’il ne pouvait absolument pas dissimuler.

    - Oh ! Wendy ! murmura-t-il. Si tu pouvais voir combien elle te ressemble !

      Une étrange impression fit battre le cœur de Johanne de plus en plus vite.

    - Es-tu… mon père ? demanda-t-elle.

      Les deux autres sursautèrent.

    5-2

    - Je suis Jean-Loup Montjoie, ton père.

      Ni l’un, ni l’autre n’osait s’approcher et Arkab manifestement surpris interrogea Jean-Loup du regard.

    - Papa, est-ce vrai ?

      Johanne comprit qu’elle était face à Camille Montjoie.

    - Oui. J’ai rencontré Wendy le jour de tes quatorze ans, cinq ans après l’exécution de ta mère. Altaïr m’a empêché de reconnaître officiellement notre relation et notre fille, pour ne pas me compromettre. Je l’aimais tellement et notre situation intenable a tout détruit…

      Johanne ébaucha un sourire.

    - Dans son message, elle m’a demandé de te dire que tu avais eu raison sur tous les plans et qu’elle n’a jamais cessé de t’aimer.

      Jean-Loup s’approcha d’elle et la serra contre lui. Elle se laissa aller contre l’épaule accueillante.

     

    5-2

     

      Sham observait la scène avec un sourire mélancolique. Lorsqu’ils s’écartèrent, Camille prit la main de sa sœur. Ils se sentirent un peu gênés, au grand amusement de son ami : Arkab pris en flagrant délit d’émotion ! Mais il ne parvenait plus imaginer que la jeune femme puisse être une espionne d’Amalric. L’intensité du regard vert qui allait de son père à son frère était trop grande. Elle ne pouvait pas jouer la comédie aussi bien.

    Suite du chapitre 5


    2 commentaires
  • 5-3

    - Je crois que nous avons épuisé le temps accordé à des retrouvailles familiales. D’autres soucis nous attendent. De quoi voulais-tu nous parler, P’pa ? Vu que tu as devancé le message concernant Johanne, il a dû se passer quelque chose.

      Jean-Loup s’assit à côté de sa fille et son regard vert si semblable à ceux de ses enfants s’assombrit.

    - Je venais justement t’informer de l’existence de ta sœur, sans imaginer la trouver avec toi! Un avis de recherche a été lancé au nom de Johanne Dorval. Je crois qu’Amalric veut se venger de ce que ta mère lui a fait, Johanne. Je suis navré que cela te retombe ainsi dessus. Il veut à tout prix mettre la main sur toi.

    - Remettre la main sur moi, tu veux dire ! fit-elle d’un ton amer. Car j’ai déjà goûté à sa peu courtoise compagnie.

     5-3

     Jean-Loup fronça les sourcils. La lueur de colère flamboyante qui apparut dans les yeux de son fils et la grimace de Sham le convainquirent qu’il ignorait une partie de l’histoire. Il se promit de leur tirer les vers du nez.

    - Amalric est très attaché à te retrouver, Johanne. Ta capture rapportera un million de crédits à celui qui te ramènera au palais d’Amalric, sur Sobolev. Et vivante exclusivement.

      Johanne secoua la tête.

    - Mais je ne comprends pas pourquoi il me veut vivante. Je ne peux plus lui servir à rien !

    - Sauf à faire un exemple ! expliqua Camille. Amalric veut te montrer ce qui arrive à ceux qui se moquent de lui. Tu t’es enfuie alors que tu étais en son pouvoir. Il n’a pas dû apprécier. Peut-être craint-il aussi que Hassan ait réussi à te transmettre des découvertes utiles. Et être la fille d’Altaïr ne doit pas arranger les choses !

    - Mais que lui a donc fait ma mère, pour qu’il nourrisse une telle haine à son égard ?

      Jean-Loup Montjoie évita son regard.

     5-3

     - Elle l’a délibérément séduit. Elle s’est servi de lui pour espionner l’armée de l’Union, pour voler des codes et des plans qui permettaient à la résistance d’accomplir ses actes de sabotage de manière très efficace. Cela a duré trois ans.

    - Quand cela s’est-il passé ?

    - Oh, tu devais avoir trois ou quatre ans quand cela a commencé. C’est à cause de cette mission que nous nous sommes brouillés. murmura-t-il. Et pourtant, je savais que ta mère ne faisait pas un tel sacrifice d’elle-même en vain. Je savais qu’elle se détestait pour ça. Mais je l’aimais trop pour pouvoir l’accepter. Je tremblais de peur pour elle. Nous nous sommes disputés tant de fois. La dernière fois, elle est partie en claquant la porte. Je ne l’ai plus jamais revue.

      La jeune femme comprit à sa voix que l’émotion le gagnait. Elle pressa sa main.

    « Tu dois te cacher Johanne ! insista Jean-Loup. Il faut te garder en sécurité.

    - Ce problème-là est déjà réglé ! intervint Sham. Johanne, tu vas t’installer sur le vaisseau amiral. Nous avons les données découvertes sur Yperis à décrypter.

    - Alors je repars sur Sobolev, avant que ma couverture ne soit grillée ! Je suis tellement heureux de t’avoir enfin retrouvée, ma fille ! »

     5-3

      Sham accompagna Jean-Loup jusqu’à son vaisseau. Restée seule avec son frère, Johanne poussa un soupir gêné.

    « Tu es bouleversée d’avoir un frère, ravie, tu voudrais tout savoir de moi, tu as des milliards de questions et tu ne sais pas par laquelle commencer ! » s’amusa Arkab. « Rassure-toi, c’est exactement ce que je ressens. On ne rattrapera pas toutes ces années en quelques minutes, mais commençons par le commencement. Tu as quoi ? Vingt ans ?

    - Vingt-et-un. Et toi ?

    - Trente-cinq… »

      Il y eut un silence.

    5-3

    « Bon sang on est ridicules tous les deux ! » s’exclamèrent-ils en même temps avant d’éclater de rire.

    - Quel est le rôle de… notre père dans tout ça ? »

      Camille ferma les yeux.

    « J’avais dix ans quand ma mère a été tuée, dans une manifestation contre le pouvoir en place. C’était une marche blanche de femmes qui réclamaient plus de liberté, pas des militantes, juste des mères de famille. Mes parents étaient séparés depuis longtemps. Pourtant je l’ai vu dévasté par le carnage. Je crois que c’est à ce moment qu’il a décidé de basculer dans l’opposition. Je ne le savais pas alors, mais il a utilisé son statut d’astrophysicien, qui l’obligeait à parcourir le système, pour mobiliser les différents groupuscules d’opposition. Il a rencontré Vega et Altaïr, et d’autres encore. Et le mouvement de la Révolution s’est structuré. Aujourd’hui encore, personne ne le soupçonne, à part les chefs des différents mouvements. Son identité est protégée, c’est pour ça qu’on ne le rencontre presque jamais.

    - Et toi ?

    - Moi ? J’ai eu une adolescence rebelle. J’en voulais à papa de travailler pour l’Union. Je voulais me battre. J’avais monté un petit groupe de terroristes. On agissait en électrons libres. A vingt-trois ans, j’ai fait sauter un des terminaux de l’astroport de Baire. On croyait que le président Calv s’y trouvait. On s’est fait arrêter et tous les autres sont morts… Papa m’a renié en public. J’ai été jugé et déporté sur la planète grise. Et considéré comme mort. Sauf que papa s’est débrouillé pour me fournir armes et matériel de communication dans la capsule de déportation. C’est sur la planète grise que j’ai rencontré Sham. A tous les deux, on a réussi à remettre en état un vieux chasseur XW 098. Et le vaisseau amiral nous a récupérés.

    - Wow… Ma vie a été moins mouvementée. J’ai été adoptée à l’âge de huit ans par des gens adorables. J’ai fait des études d’archéotechnologie et je suis tombée entre les mains d’Amalric lors de ma première mission… Voilà, tu sais tout !

    5-3

    - Moins mouvementée? Pas dans les derniers jours en tout cas! Bon, je vais essayer de joindre ce fichu Don Fox pour que tu puisses rapidement commencer le travail de décryptage. Tous nos espoirs reposent sur les recherches de Wendy et Hassan. Et donc sur toi ! ajouta-t-il avec un clin d’œil.

    - Surtout ne te gêne pas pour me mettre la pression ! »

    Chapitre 6 )


    Salut tout le monde

    Me revoici avec un peu de guimauve pour continuer cette histoire. J'espère que ça vous a plu. J'adooore les histoires de famille compliquée! Dont acte! Vous avez sans doute compris pourquoi on ne voyait pas trop Arkab en face jusque là... La ressemblance me semblait trop frappante. Et je suis sûre d'ailleurs que tout le monde avait compris. (Voilà pourquoi je ne fais pas de polar à suspens^^

    Bon à part ça, je suis en vacances depuis ce soir et c'est que du bonheur!!!

    N'hésitez pas à vous inscrire à la newsletter pour être au courant des mises à jours.

     

    Gros bisous  tout le monde

    Koe

     

     

     

     


    14 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique