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      Au matin, lorsqu’Arkane pénétra dans la chambre pour réveiller son invitée, elle sursauta. La jeune fille semblait protéger son visage de ses bras et des appels murmurés franchissaient ses lèvres : « Donatien ! Je vous en prie ! Aidez-moi ! Venez à mon secours ! »

      Arkane désopacifia les vitres et le soleil qui pénétra à flot dans la pièce réveilla Johanne.- Bonjour, Arkane !

    - Bonjour ! On dirait que vous faisiez un cauchemar ! »

      Johanne la regarda, l’air étonné.

    - Un cauchemar ? Je ne comprends pas ?

    - Lorsque je suis entrée, vous appeliez au secours !

      La jeune fille secoua la tête.

    - Bah ! Ça ne devait pas être si terrible, puisque je ne m’en souviens plus !

    - Vous venez ? Après le petit déjeuner, je vous emmène à la bibliothèque. Mais, pour ne pas vous faire remarquer, je vous ai apporté des vêtements d’ici. Nous avons la même taille, ils devraient vous aller parfaitement !

      Lorsqu’elle se fut changée, Johanne rejoignit ses hôtes dans la salle à manger où Argail la salua chaleureusement.

    - Tout va bien pour les habits ? s’enquit Arkane.

    - Oui. Je dois avouer que je me sens mieux ainsi ! Je serai bien incapable de vous dire depuis quand je ne m’étais pas préoccupée de ma toilette ! Cela fait plaisir de se sentir un peu féminine ! »

      La journée tout entière fut pour Johanne un enchantement. Elles firent à pied le trajet jusqu’à la bibliothèque. Johanne emplit ses sens de tous les parfums de la forêt, de toutes les couleurs.

    « Vous vivez dans le jardin d’Eden ! » soupira-t-elle. « Même la plus verte de nos planètes ne peut approcher une telle beauté ! Je comprends maintenant cette nostalgie de notre planète natale qui perdure au cœur de chacun d’entre nous, bien que notre exode date de plusieurs millions d’années ! »

      Arkane sourit.

    - Pourtant, vous ne pouvez imaginez à quel point votre galaxie me donne envie de la visiter !

    - C’est le goût de l’aventure ! plaisanta Johanne.

    - Regardez ! Voilà la bibliothèque ! C’est le joyau de notre cité !

      La jeune femme leva les yeux vers l’énorme pyramide à base carrée transparente qui s’élevait entre les arbres.

    - Whoah ! Elle est gigantesque ! Ce n’est pas du verre ?

    - Certainement pas ! Ce serait trop fragile, à la merci du moindre choc ! Or ce qu’elle contient est inestimable ! L’armature est en titane, et la surface en diamant.

      Johanne s’étrangla et regarda son guide comme si elle était devenue folle.

    - Du diamant ? Vous vous moquez de moi !

    - Non, c’est du diamant synthétique ! Toute la dureté, le brillant et la transparence sont conservés. En fait, aucune des richesses de l’ancienne civilisation de la terre n’a de valeur maintenant, si ce n’est une valeur esthétique. Dans chacune des cités de la planète se trouve une bibliothèque aussi magnifique. Toutes contiennent une copie de la gigantesque base de données qui conserve tous nos souvenirs de l’ancienne civilisation, en plus de ceux de la nouvelle… Mais venez ! Nous n’avons que deux heures pour consulter les fichiers numérisés. Ne gaspillons pas ce temps, il sera temps ensuite de visiter le bâtiment, et ce qui est en accès libre.

      Assez excitée, Johanne suivit la femme d’Argail dans le long labyrinthe de couloirs et entra avec elle dans une petite pièce éclairée. Il y avait un écran et un pupitre avec deux chaises.

    - Asseyez-vous ! La plupart des documents que nous possédons concernent les trois siècles qui ont précédé la catastrophe. En fait ce sont les siècles où les technologies de l’audiovisuel et de l’information se sont fortement développées. Vous avez une préférence ? Tout est classé par thème : documentaires géographiques, scientifiques, archives journalistiques, arts divers, et même toutes les fictions…

    - J’aimerai voir la Terre avant les catastrophes qui nous ont poussés à l’exil…

    - Très facile. Un document synthétique a été créé, pour les “touristes” qui veulent visiter la Terre du passé. Mettez le casque et regardez ! Les archives datent des vingtième et vingt-et-unième siècles.

      Johanne écarquilla les yeux lorsque les premières images apparurent. Une heure plus tard, lorsque le film cessa, elle tourna vers Arkane un regard émerveillé.

    - C’était fabuleux.

    - En effet. Les dernières images que nous avons de la planète n’étaient pas aussi mirifiques. Dès la fin du vingt-et-unième siècle, les guerres avaient déjà saccagé la plupart de ces monuments.

    - Quel dommage !

    - C’est pourquoi les survivants qui se sont réveillé cinq millions d’années plus tard ont instauré une nouvelle civilisation où la violence était rejetée. Mais nous ne sommes pas sans défense pour autant. Si quelqu’un nous attaque, nous sommes en mesure de riposter. En fait, aucune arme n’est pour l’instant capable d’anéantir le bouclier magnétique qui protège chacune des villes de la planète. Je vais vous montrer autre chose qui me touche toujours beaucoup. C’est un montage de chansons des vingtième et vingt-et-unième siècles. Écoutez donc. Des voix qui nous arrivent après deux millions d’années et des poussières…

      Les yeux fermés, Johanne se laissa envoûter par ces mélodies les unes violentes et belliqueuses, les autres tendres, d’autres mélancoliques ou endiablées… Une sonnerie stridente retentit soudain et Arkane posa rageusement son casque sur la table d’écoute.

    - Oh ! Ce bruit horrible ! Notre temps est terminé, Johanne. Il nous faut laisser la place aux autres !

      Rêveuse, la jeune femme suivie son amie et salua courtoisement ceux qui leur succédaient.

    - C’est très impressionnant ! murmura-t-elle.

    - Que voulez-vous faire, maintenant ?

      Johanne ouvrit de grands yeux.

    - Mais, je ne voudrais pas vous déranger ! Vous devez avoir du travail ?

      Arkane sourit.

    - Rassurez-vous. Mon travail est de classer et de faciliter l’accès à tous les documents que contient la bibliothèque. Pour l’instant moins du quart de cette mine de renseignements a été déchiffré ! Mais je ne travaille que quatre jours par semaine. Allons visiter la cité de Lynde. Oh ! J’ai failli oublier ! Ce soir, Argail a invité les princes de toutes les cités de la Terre, pour accueillir votre équipe et délibérer de votre problème. On va  vous trouver une jolie robe !

    - Mais, comment vous remercier…

    - Ne vous inquiétez pas ! J’ai un très bon moyen. Vous allez me raconter tout ce que vous savez de l’histoire de votre civilisation. Pour la bibliothèque ! D’accord ?

    - D’accord !

    Suite du chapitre 15


  • Commentaires

    1
    Jeudi 25 Septembre 2014 à 00:47

    Même sans images le texte est très vivant, et l'imagination fait le reste ^^

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